SEanceS 4 et 5
Quelles sont les conditions qui ont permis aux Européens d'élargir le monde ?
Ressources en classe inversée :
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Objectifs :
- Réaliser une production de synthèse originale
- Cerner le sens général d'un document
Quelles sont les conditions qui ont permis aux Européens d'élargir le monde ?
Consigne :
Sur une idée d’Aurélie Dongeux, professeur d’Histoire-Géographie (Landes), voir site internet Terres et temps, académie de Bordeaux
Sur une idée d’Aurélie Dongeux, professeur d’Histoire-Géographie (Landes), voir site internet Terres et temps, académie de Bordeaux
A Guetaria en Espagne (dans la province du pays basque espagnol) ont été érigé une statue et un monument à la gloire d’un personnage célèbre né dans la ville : Juan Sebastian El Cano. Beaucoup de touristes de passage (surtout des Français) s’interrogent sur ce personnage, sur son histoire, sa vie et se demandent pourquoi il est si célèbre.
En stage à l’office de tourisme de Guetaria, votre chef de service vous confie la tâche de réaliser un petit dépliant touristique en français pour expliquer le rôle essentiel joué par El Cano dans l’histoire des Européens. Pour cela l’office du tourisme a pré sélectionné une série d’images et de documents qui pourraient vous être utiles. Vous êtes libre de proposer une maquette la plus attractive et originale possible pour les touristes tout en étant la plus détaillée historiquement car la ville veut vraiment faire reconnaître El Cano comme un grand personnage historique. Comme la saison touristique débute dès le mois de mai et que l’impression prend du temps vous devez être très efficaces. Vous n’avez que deux heures : à vous de jouer ! Pour vous aider, le service de presse de l’office du tourisme vous confie un dossier documentaire, faites-en bon usage. |
Dossier documentaire
Fernand de Magellan, A-G Varese, fresque de 1575, Caprarola (Italie).
Fernand de Magellan, A-G Varese, fresque de 1575, Caprarola (Italie).
Juan Sébastian El Cano, Lithographie de J. Donon dans Historia de la Marina Real Española, Madrid, 1854.
L'organisation de l’expédition
En ce temps, vint du Portugal Fernand de Magellan, homme noble qui avait servi dans les Indes orientales, à Malacca, et où il avait prouvé sa valeur ; il était accompagné de Rui Faleiro, un grand cosmographe (1) (...). Les deux hommes s'offrirent de faire voir que les Moluques (2) et les autres îles d'où les Portugais apportaient les épices, tombaient dans le domaine de la couronne de Castille (3) et de trouver un chemin pour s'y rendre, non pas en suivant la route des Portugais, mais par un détroit de mer qui, jusque-là était resté inconnu des hommes (...). [Il fut décidé] que Sa Majesté (4) leur ferait armer cinq navires équipés pour deux ans avec deux cent trente-quatre personnes.
Antonio de Herrera, Histoire générale des conquêtes des Castillans, 1615, cité dans X. de Castro, Le Voyage de Magellan, éd. Chandeigne, 2007.
- Géographe.
- Archipel de l'est de l’Indonésie.
- Terres appartenant au roi d'Espagne selon le traité de Tordesillas de 1494.
- Charles Quint.
Les causes du voyage.
« Voici la cause et la raison du voyage de Magellan : voyant que leurs vassaux se mettaient à découvrir et à conquérir de nouveaux pays au-delà des mers et qu'ils étaient rivaux dans ces conquêtes, les rois de Castille [Espagne] et du Portugal décidèrent, pour qu'il n'y eût de discorde entre eux, de partager le monde, de l'Orient au Ponant [ouest], en deux hémisphères limités par des méridiens. [...] Chacun de ces rois prit la part qui lui revenait selon l'endroit où se trouvaient les territoires qu'il avait déjà conquis : le roi de Castille en direction du Ponant où se trouvèrent ses Antilles et la Nouvelle Espagne [Mexique], et le roi du Portugal vers l'Orient où se trouvent ses Indes. Les Portugais, parce qu'ils sont meilleurs marins et qu'ils ont une plus grande connaissance de l'art de naviguer, allèrent bien au-delà des limites de leur hémisphère, où ils trouvèrent de nombreux et riches pays comme le sont les îles de Maluco [Moluques], la Chine, le Japon et autres de grand profit. [...] Muni de cette licence [droit de servir un autre souverain que celui du Portugal], Fernand de Magellan quitta le Portugal et partit pour le royaume de Castille où régnait Charles Quint, auquel il fit part de ses idées sur la conquête de Maluco et sur leur situation exacte ; ce qui étant bien compris par l'empereur et son Conseil, ledit empereur ordonna que fussent donnés à Fernand de Magellan cinq navires dûment armés et équipés, grâce auxquels Fernand de Magellan pût découvrir l'itinéraire le plus commode pour atteindre Maluco. »
Fernando de Oliveira, Manuscrit de Leyde (récit du voyage
de Magellan), v. 1560, d'après le récit d'un survivant
de la Trinidad, cité dans Xavier de Castro et al., Le Voyage
de Magellan (1519-1522), Éditions Chandeigne, 2007.
de Magellan), v. 1560, d'après le récit d'un survivant
de la Trinidad, cité dans Xavier de Castro et al., Le Voyage
de Magellan (1519-1522), Éditions Chandeigne, 2007.
Trajet du voyage de Magellan/El Cano
Planisphère de Battista Agnese, « Atlas nautique », Venise, 1543, Royal Géographie Sociéty, Londres.
En noir, la route de Magellan puis d’El Cano
En noir, la route de Magellan puis d’El Cano
Le trajet de Magellan
Nos hommes continuèrent leur course en longeant ces côtes, qui s'étendent très loin vers le sud - étendue que l'on doit maintenant nommer à mon avis "celle qui se situe sous le pôle austral" - et inclinent un peu vers l'Occident, de sorte qu'ils franchirent de plusieurs degrés le tropique du Capricorne. [...] Ils arrivèrent à la fin du mois de mars de l'année suivante [1520] à un golfe auquel ils donnèrent le nom de "San Julian", calculant avec soin la latitude où ils se trouvaient dans ce golfe. [...] Quant à la longitude, ils la rapportèrent à 56° vers l'ouest par rapport aux îles Fortunées. [...] Quelle que soit la valeur de ces calculs, il ne faut pas les rejeter mais plutôt les admettre jusqu'à ce qu'on en trouve de plus sûrs. »
Lettre relatant le voyage de Magellan, rédigée quelques
jours après l'arrivée du navire La Victoria à Séville,
le 8 septembre 1522, cité dans Xavier de Castro et al, Le Voyage
de Magellan (1519-1522), Éditions Chandeigne, 2007.
jours après l'arrivée du navire La Victoria à Séville,
le 8 septembre 1522, cité dans Xavier de Castro et al, Le Voyage
de Magellan (1519-1522), Éditions Chandeigne, 2007.
La découverte du détroit vers le Pacifique
Partis de Séville le 20 septembre 1510 les navires traversent l'Atlantique, font escale au Brésil puis longent la côte vers le Sud à la recherche d'un passage vers le Pacifique. Un des membres de l'équipage, A. Pigafetta, a tenu un journal de l'expédition.
En continuant notre route vers le sud, le 21 octobre 1520, étant par le 52° de latitude méridionale, nous trouvâmes par miracle un détroit. Ce détroit, comme nous le vîmes par la suite, est long de 110 lieues (1), et va aboutir à une autre mer que nous appelâmes mer pacifique. Ce détroit est environné de grandes et hautes montagnes chargées de neige. Si nous n'eussions trouvé ce détroit, le capitaine avait délibéré d'aller jusqu'à 750 de latitude méridionale où, en été, il n'y a point de nuit ou très peu ; comme il y a peu de jour en hiver. Pendant que nous étions dans ce détroit, il n'y avait que trois heures de nuit. Nous lui donnâmes le nom de détroit des Patagons. À chaque demi-lieue, on y trouve un port sûr, de l'eau excellente, du bois de cèdre, des sardines, des coquillages. Il y avait aussi des herbes, surtout une espèce de céleri doux dont nous nous nourrîmes faute de meilleur aliment. Je crois qu'il n'y a pas au monde de meilleur détroit que celui-là.
En continuant notre route vers le sud, le 21 octobre 1520, étant par le 52° de latitude méridionale, nous trouvâmes par miracle un détroit. Ce détroit, comme nous le vîmes par la suite, est long de 110 lieues (1), et va aboutir à une autre mer que nous appelâmes mer pacifique. Ce détroit est environné de grandes et hautes montagnes chargées de neige. Si nous n'eussions trouvé ce détroit, le capitaine avait délibéré d'aller jusqu'à 750 de latitude méridionale où, en été, il n'y a point de nuit ou très peu ; comme il y a peu de jour en hiver. Pendant que nous étions dans ce détroit, il n'y avait que trois heures de nuit. Nous lui donnâmes le nom de détroit des Patagons. À chaque demi-lieue, on y trouve un port sûr, de l'eau excellente, du bois de cèdre, des sardines, des coquillages. Il y avait aussi des herbes, surtout une espèce de céleri doux dont nous nous nourrîmes faute de meilleur aliment. Je crois qu'il n'y a pas au monde de meilleur détroit que celui-là.
Antonio Pigafetta, Journal de bord, XVIe siècle.
1. Environ 600 km
« Ils pénétrèrent enfin dans un chenal large parfois de trois, deux et une lieue, et parfois d'une demi-lieue. Il y navigua tant qu'il fit jour et mouilla l'ancre à la nuit tombée. Il envoya les chaloupes au devant, et les nefs les suivirent jusqu'à ce qu'elles vinssent enfin annoncer qu'il y avait une passe et que l'on apercevait l'océan. Magellan fit tonner l'artillerie avec beaucoup de contentement. »
Carnet de bord d'un membre de l'expédition de Magellan,
attribué à Leone Pancaldo, cité dans Xavier de Castro et al,
Le Voyage de Magellan (1519-1522), Chandeigne, 2007.
attribué à Leone Pancaldo, cité dans Xavier de Castro et al,
Le Voyage de Magellan (1519-1522), Chandeigne, 2007.
Le retour à Séville en 1521
Samedi 6 septembre 1522, nous entrâmes dans la baie de San Lucar et des 60 hommes que nous étions quand nous partîmes des iles Moluques, nous n'étions plus que 18 (1) qui pour la plupart étaient malades (...). Du temps de notre départ de cette baie jusqu'à celui de notre retour, nous avions parcouru plus de 14 460 lieues (1) et fait le tour du monde entier en courant de l'est à l'ouest (...).
De Séville, j'allai à Valladolid où je présentai à sa Majesté monseigneur Charles, non pas or ni argent, mais entre autres, un livre écrit de ma main traitant de toutes les choses passées de jour en jour en notre voyage.
De Séville, j'allai à Valladolid où je présentai à sa Majesté monseigneur Charles, non pas or ni argent, mais entre autres, un livre écrit de ma main traitant de toutes les choses passées de jour en jour en notre voyage.
Antonio Pigafetta, Journal de bord, XVIe siècle.
1. Dix-huit Européens et trois Moluques
2. Environ 86 800 km
2. Environ 86 800 km
La « découverte » des Moluques
« Le roi de Bachian [île des Moluques] annonce "qu'il serait toujours prêt à se vouer au service du roi d'Espagne ; qu'il garderait pour lui seul tous les clous de girofle que les Portugais avaient laissés dans son île, jusqu'à l'arrivée d'une autre escadre espagnole, et ne les céderait à personne sans son consentement" [...]. Toutes les îles
Malucco [Moluques] produisent des clous de girofle, du gingembre, du sagou (qui est le bois dont on fait le pain), du riz, des noix de coco, des figues, des bananes, des amandes plus grosses que les nôtres, des pommes de grenade douces et acides, des cannes à sucre, des melons, des concombres, des citrouilles, d'un fruit qu'on appelle comilicai [sorte d'ananas] très rafraîchissant, gros comme un melon d'eau, un autre fruit qui ressemble à la pêche, et qu'on appelle guave [goyave] et autres végétaux bon à manger [...]. Il y a à peine cinquante ans que les Maures ont conquis et habitent les îles Malucco, où ils ont aussi apporté leur religion. »
Malucco [Moluques] produisent des clous de girofle, du gingembre, du sagou (qui est le bois dont on fait le pain), du riz, des noix de coco, des figues, des bananes, des amandes plus grosses que les nôtres, des pommes de grenade douces et acides, des cannes à sucre, des melons, des concombres, des citrouilles, d'un fruit qu'on appelle comilicai [sorte d'ananas] très rafraîchissant, gros comme un melon d'eau, un autre fruit qui ressemble à la pêche, et qu'on appelle guave [goyave] et autres végétaux bon à manger [...]. Il y a à peine cinquante ans que les Maures ont conquis et habitent les îles Malucco, où ils ont aussi apporté leur religion. »
Antonio Pigafetta, Journal de bord, XVIe siècle.
Les conditions du voyage
« Le mercredi, 28 novembre, nous débouquâmes du détroit pour entrer dans la grande mer, à laquelle nous donnâmes ensuite le nom de mer Pacifique, dans laquelle nous naviguâmes pendant le cours de trois mois et vingt jours, sans goûter d'aucune nourriture fraîche. Le biscuit que nous mangions n'était plus du pain, mais une poussière mêlée de vers qui en avaient dévoré toute la substance, et qui de plus était d'une puanteur insupportable, étant imprégnée d'urine de souris. L'eau que nous étions obligés de boire était également putride et puante. »
Antonio Pigafetta, Journal de bord, XVIe siècle.