SéanceS 5 ET 6
En quoi les évènements de mai 1968 marque la fin du régime gaullien ?
Ressources en classe inversée :
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ACTIVITé
Fiche d'activité
Consigne :
Nous sommes le 29 mai 1968, 16h. Depuis le début de l’après midi, les bruits courent que le général de Gaulle a disparu, sans que l’on sache où il est. La France s’interroge sur une fuite du chef de l’Etat. C’est que depuis le 3 mai, des manifestations se multiplient en France, d’abord des étudiants rejoints par les salariés.
Nous sommes le 29 mai 1968, 16h. Depuis le début de l’après midi, les bruits courent que le général de Gaulle a disparu, sans que l’on sache où il est. La France s’interroge sur une fuite du chef de l’Etat. C’est que depuis le 3 mai, des manifestations se multiplient en France, d’abord des étudiants rejoints par les salariés.
Journaliste stagiaire à Europe 1 depuis le début mai, Jean Gorini, directeur de la rédaction et Jacques Paoli, rédacteur en chef vous envoie avec Gilles Schneider, un journaliste de la radio, couvrir les évènements parmi les étudiants et les manifestants pour réaliser le journal du soir à 19h expliquant aux auditeurs ce qui se passe en France, les motivations des manifestants. Vous avez 2 heures car une heure sera nécessaire au montage de votre reportage qui devra durer 5 minutes.
Pour vous aider, Jacques Paoli vous donne une pile de documents, faites-en bon usage mais vous pouvez utiliser toutes les sources à votre disposition. |
Documents :
Document 1 : chronologie de la crise de 1968 jusqu’au 29 mai.
22 mars : début de la crise étudiante à la faculté de Nanterre.
3 mai : Evacuation par la police de la Sorbonne occupée par les étudiants. Premiers incidents au Quartier latin.
10-11 mai : Nuit des barricades
13 mai : La Sorbonne « rendue » aux étudiants. Appel des syndicats à la grève générale.
22 mai : 8 millions de grévistes dans toute la France.
27 mai : Accords de Grenelle, au ministère de l’Intérieur.
28 mai : Réunion des militants de gauche au stade Charléty, à Paris.
29 mai : De Gaulle « disparaît ». François Mitterrand se déclare candidat à la présidence.
22 mars : début de la crise étudiante à la faculté de Nanterre.
3 mai : Evacuation par la police de la Sorbonne occupée par les étudiants. Premiers incidents au Quartier latin.
10-11 mai : Nuit des barricades
13 mai : La Sorbonne « rendue » aux étudiants. Appel des syndicats à la grève générale.
22 mai : 8 millions de grévistes dans toute la France.
27 mai : Accords de Grenelle, au ministère de l’Intérieur.
28 mai : Réunion des militants de gauche au stade Charléty, à Paris.
29 mai : De Gaulle « disparaît ». François Mitterrand se déclare candidat à la présidence.
Document 2 : manifestation regroupant ouvriers et étudiants.
Document 3 : Après la nuit des barricades, 11 mai 1968
Document 4 : un tract du Comité d’action révolutionnaire du Théâtre de l’Odéon, 16 mai 1968.
« L’imagination prend le pouvoir.
La lutte révolutionnaire des travailleurs et des étudiants qui est née dans la rue s’étend maintenant aux lieux de travail et aux pseudo-valeurs de la société de consommation. Hier Sud-Aviation à Nantes, aujourd’hui le Théâtre dit « de France », l’Odéon.
Le théâtre, le cinéma, la peinture, la littérature, etc., sont devenus des industries accaparées par une « élite » dans un but d’aliénation et de mercantilisme.
Sabotez l’industrie culturelle.
Occupez et détruisez les institutions.
Réinventez la vie.
L’art c’est vous !
La révolution c’est vous !
Entrée libre
A l’ex-théâtre de France, à partir d’aujourd’hui. »
« L’imagination prend le pouvoir.
La lutte révolutionnaire des travailleurs et des étudiants qui est née dans la rue s’étend maintenant aux lieux de travail et aux pseudo-valeurs de la société de consommation. Hier Sud-Aviation à Nantes, aujourd’hui le Théâtre dit « de France », l’Odéon.
Le théâtre, le cinéma, la peinture, la littérature, etc., sont devenus des industries accaparées par une « élite » dans un but d’aliénation et de mercantilisme.
Sabotez l’industrie culturelle.
Occupez et détruisez les institutions.
Réinventez la vie.
L’art c’est vous !
La révolution c’est vous !
Entrée libre
A l’ex-théâtre de France, à partir d’aujourd’hui. »
Tract du Comité d’action révolutionnaire du Théâtre de l’Odéon, 16 mai 1968, cité en annexe de la thèse de Marie-Ange RAUCH-LEPAGE, Le Théâtre en 1968, Histoire d’une crise, thèse de doctorat de lettres et sciences humaines sous la direction de Robert Abrichared, Paris-X, 1994, rapporté par Emmanuelle LOYER, Mai 68 dans le texte. Bruxelles, Complexe, coll. « De source sûre », 2008
Document 5 : Interventions publiques tenues au Théâtre de l’Odéon
« (...) UN TOURISTE ANGLAIS [25 mai 1968] : Je demande qu’à l’Odéon le sujet soit plus large et ne s’en tienne pas seulement à la France !
UN COMMERÇANT GAULLISTE : Les étudiants et les ouvriers ont les mêmes intérêts : on est étudiant pour ne pas être ouvrier. (Huées)
REPONSE D’UN ETUDIANT : La question n’est pas là ; le problème c’est qu’un ouvrier puisse étudier… (Vifs applaudissements)
UN OUVRIER : Le bourgeois n’est pas un ouvrier qui a réussi : c’est avant tout un état d’esprit. Le problème est de changer les structures profondes, être des gens qui pensent. Dans la société américaine, l’ouvrier a un grand confort, mais il ne pense pas. Je demande qu’on puisse faire vivre sa famille en travaillant normalement, et en ayant le temps de vivre, au sens large du terme, c’est-à-dire aussi de penser… (Applaudissements)
UN GARÇON DE CAFE : Je gagne 1 400 francs par mois. J’ai deux enfants, je pars de chez moi à 8h, je rentre à 10 heures du soir. Je vois mes enfants une fois par semaine. Eh bien, je trouve ça payer trop cher sa vie ! (Ovations)
UN REPRESENTANT DE COMMERCE : L’abrutissement des gens est méthodiquement organisé par le gouvernement, par exemple à la télévision. Un monde capitaliste ne peut pas accepter la critique car il se détruirait lui-même…
LE COMMERÇANT GAULLISTE : C’est faux ! La preuve c’est qu’on vous laisse parler à l’Odéon !
LE REPRESENTANT DE COMMERCE : Pour le moment, le pouvoir a trop de soucis avec les grèves. Mais dès que le travail reprendra, vous verrez qu’il nous enverra les CRS.
UN MEDECIN MARXISTE [29 mai 1968] : (Il commence par la traditionnelle critique marxiste du capitalisme.) Le Parti communiste représente la seule force vraiment révolutionnaire. Votre mouvement va tout droit au fascisme. (Sifflements) Vous faites du néocapitalisme, parce qu’en niant tout, vous ne niez rien. Vos idéaux sont ceux d’Hitler et Mussolini (Hurlements dans la salle) : oui, c’est le même romantisme nihiliste à la base ! Vous vous coupez du communisme parce que vous en avez peur ! (Cris d’indignation)
UNE FEMME DE CINQUANTE ANS : Il faut s’en référer au christianisme : lui seul peut nous sauver ! (Crise de fou-rire dans la salle) Il faut construire avec l’aide de Dieu ! (Nouveaux rires et sifflets) Votre mouvement s’enlise, car il est plein de tendances qui s’opposent : seule la foi pourrait les unifier ! (...)
UN OUVRIER ESPAGNOL (...) : Tout ce que vous dites, et d’ailleurs tout ce qu’on dit en général dans cette salle, est très loin des réalités de la rue. (Applaudissements et protestations) Vous feriez mieux de parler des salaires qui sont diminués pour les grévistes. C’est beaucoup plus urgent !
[UN] ETUDIANT : On n’a pas fait les barricades pour une augmentation de salaire ! Pour ça, il suffisait de faire une grève comme il y en a eu tant, en allant une fois encore, comme des moutons, à l’appel des syndicats, de la Bastille à la République ! Cette fois les rues ne servent plus aux défilés de cocus pacifiques, elles servent au dépavage et à la résistance aux flics. (Ovations). (...)
LE MEDECIN COMMUNISTE : Vous ne semblez pas comprendre que le fascisme est sur le point de triompher ; ce n’est pas en discutant de la sorte que vous l’arrêterez !
[UN] IMPRIMEUR : Vous parlez toujours de fascisme, mais c’est encore une formule, une étiquette : on en a marre des étiquettes ! (Énorme ovation) Vous agitez le fascisme comme un épouvantail, mais c’est un fantôme : c’est celui de Mussolini et de ses adeptes. De Gaulle n’est pas le fascisme : c’est le gaullisme, et c’est déjà pas mal. (Applaudissements et rires) (...)
QUELQU’UN DANS LA SALLE : Beaucoup de chrétiens sont au premier rang de la révolution : il faut que le mouvement affirme ouvertement qu’il ne les rejette pas. (...) Il y a même des curés qui sont avec nous !
DANS LA SALLE : Allons à Notre-Dame pour donner à bouffer aux enfants des grévistes !
LA « BIGOTE » : Nous sommes tous frères ! (Hurlements, on veut la sortir, le service d’ordre intervient pour calmer la salle) ».
« (...) UN TOURISTE ANGLAIS [25 mai 1968] : Je demande qu’à l’Odéon le sujet soit plus large et ne s’en tienne pas seulement à la France !
UN COMMERÇANT GAULLISTE : Les étudiants et les ouvriers ont les mêmes intérêts : on est étudiant pour ne pas être ouvrier. (Huées)
REPONSE D’UN ETUDIANT : La question n’est pas là ; le problème c’est qu’un ouvrier puisse étudier… (Vifs applaudissements)
UN OUVRIER : Le bourgeois n’est pas un ouvrier qui a réussi : c’est avant tout un état d’esprit. Le problème est de changer les structures profondes, être des gens qui pensent. Dans la société américaine, l’ouvrier a un grand confort, mais il ne pense pas. Je demande qu’on puisse faire vivre sa famille en travaillant normalement, et en ayant le temps de vivre, au sens large du terme, c’est-à-dire aussi de penser… (Applaudissements)
UN GARÇON DE CAFE : Je gagne 1 400 francs par mois. J’ai deux enfants, je pars de chez moi à 8h, je rentre à 10 heures du soir. Je vois mes enfants une fois par semaine. Eh bien, je trouve ça payer trop cher sa vie ! (Ovations)
UN REPRESENTANT DE COMMERCE : L’abrutissement des gens est méthodiquement organisé par le gouvernement, par exemple à la télévision. Un monde capitaliste ne peut pas accepter la critique car il se détruirait lui-même…
LE COMMERÇANT GAULLISTE : C’est faux ! La preuve c’est qu’on vous laisse parler à l’Odéon !
LE REPRESENTANT DE COMMERCE : Pour le moment, le pouvoir a trop de soucis avec les grèves. Mais dès que le travail reprendra, vous verrez qu’il nous enverra les CRS.
UN MEDECIN MARXISTE [29 mai 1968] : (Il commence par la traditionnelle critique marxiste du capitalisme.) Le Parti communiste représente la seule force vraiment révolutionnaire. Votre mouvement va tout droit au fascisme. (Sifflements) Vous faites du néocapitalisme, parce qu’en niant tout, vous ne niez rien. Vos idéaux sont ceux d’Hitler et Mussolini (Hurlements dans la salle) : oui, c’est le même romantisme nihiliste à la base ! Vous vous coupez du communisme parce que vous en avez peur ! (Cris d’indignation)
UNE FEMME DE CINQUANTE ANS : Il faut s’en référer au christianisme : lui seul peut nous sauver ! (Crise de fou-rire dans la salle) Il faut construire avec l’aide de Dieu ! (Nouveaux rires et sifflets) Votre mouvement s’enlise, car il est plein de tendances qui s’opposent : seule la foi pourrait les unifier ! (...)
UN OUVRIER ESPAGNOL (...) : Tout ce que vous dites, et d’ailleurs tout ce qu’on dit en général dans cette salle, est très loin des réalités de la rue. (Applaudissements et protestations) Vous feriez mieux de parler des salaires qui sont diminués pour les grévistes. C’est beaucoup plus urgent !
[UN] ETUDIANT : On n’a pas fait les barricades pour une augmentation de salaire ! Pour ça, il suffisait de faire une grève comme il y en a eu tant, en allant une fois encore, comme des moutons, à l’appel des syndicats, de la Bastille à la République ! Cette fois les rues ne servent plus aux défilés de cocus pacifiques, elles servent au dépavage et à la résistance aux flics. (Ovations). (...)
LE MEDECIN COMMUNISTE : Vous ne semblez pas comprendre que le fascisme est sur le point de triompher ; ce n’est pas en discutant de la sorte que vous l’arrêterez !
[UN] IMPRIMEUR : Vous parlez toujours de fascisme, mais c’est encore une formule, une étiquette : on en a marre des étiquettes ! (Énorme ovation) Vous agitez le fascisme comme un épouvantail, mais c’est un fantôme : c’est celui de Mussolini et de ses adeptes. De Gaulle n’est pas le fascisme : c’est le gaullisme, et c’est déjà pas mal. (Applaudissements et rires) (...)
QUELQU’UN DANS LA SALLE : Beaucoup de chrétiens sont au premier rang de la révolution : il faut que le mouvement affirme ouvertement qu’il ne les rejette pas. (...) Il y a même des curés qui sont avec nous !
DANS LA SALLE : Allons à Notre-Dame pour donner à bouffer aux enfants des grévistes !
LA « BIGOTE » : Nous sommes tous frères ! (Hurlements, on veut la sortir, le service d’ordre intervient pour calmer la salle) ».
Extraits des transcriptions des interventions publiques tenues au Théâtre de l’Odéon cités par Patrick RAVIGNANT, L’Odéon est ouvert. Paris, Stock, 1968, rapportés par Emmanuelle LOYER, Mai 68 dans le texte. Bruxelles, Complexe, coll. « De source sûre », 2008
Document 6 : Affiches dites « de mai »