Séance 4
Faut-il faire évoluer la laïcité à la française ?
Capacités travaillées :
ACTIVITé
Document 1 : extrait de la constitution de la Ve République et de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises de l’Etat.
La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race de religion. Elle respecte toutes les croyances.
Article 1 de la constitution de la Ve République, 1958.
Article 1 : la république assure la liberté de conscience elle garantit le libre exercice du culte sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.
Article 2 : la république ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. Loi de 1905 sur la séparation des églises de l’État.
Document 2 : Question d’un sénateur au ministère de la culture et réponse, 23.08.1990 et 08.11.1990, Journal Officiel du Sénat
Question écrite n° 11308 de M. Paul Loridant (Essonne - CRC) publiée dans le JO Sénat du 23/08/1990 - page 1784
M. Paul Loridant s'inquiète auprès du M. le ministre de la culture, de la communication, des grands travaux et du Bicentenaire des rumeurs persistantes autour d'une éventuelle participation de l'Etat au financement de la cathédrale catholique d'Evry (Essonne). Si tel était le cas, cette situation ne manquerait pas de créer un précédent invocable par d'autres cultes installés ou qui voudraient l'être dans notre pays. Il lui rappelle que la loi du 9 décembre 1905, portant dispositions sur la séparation des Eglises et de l'Etat, s'oppose dans un esprit de laïcité, à de telles pratiques. |
Consigne :
-A partir des documents et des différentes activités menées, repère les arguments favorables au financement public des lieux de culte afin de pouvoir réaliser un débat avec tes camarades. -A partir des documents et des différentes activités menées, repère les arguments hostiles au financement public des lieux de culte afin de pouvoir réaliser un débat avec tes camarades. |
Réponse du ministère de la Culture publiée dans le JO Sénat du 08/11/1990 - page 2404
Le ministère de la culture, de la communication et des grands travaux a effectivement été sollicité pour participer à l'entreprise exceptionnelle que constitue la construction de la nouvelle cathédrale d'Evry. Il est conscient du fait que l'Etat ne peut en aucun cas participer à la construction de bâtiments affectés au culte en vertu de la loi du 9 décembre 1905 instituant la séparation des églises et de l'Etat. Cependant, le ministère de la culture, de la communication et des grands travaux est intéressé par les aspects artistiques de l'opération qui sont actuellement à l'étude. C'est pourquoi il a donné son accord de principe pour le financement de commandes de projets à des artistes de renom et de l'aménagement éventuel d'un centre d'art sacré, structure de diffusion artistique ayant une vocation publique clairement distincte de l'affectation cultuelle de l'espace propre à la cathédrale. Il précise enfin que l'aide qu'il envisage d'apporter pour la promotion de l'art contemporain et de l'art sacré dans le cas de cette nouvelle construction est le complément logique de l'aide régulièrement apportée au titre de la restauration des monuments historiques dans le cas des cathédrales existantes.
Le ministère de la culture, de la communication et des grands travaux a effectivement été sollicité pour participer à l'entreprise exceptionnelle que constitue la construction de la nouvelle cathédrale d'Evry. Il est conscient du fait que l'Etat ne peut en aucun cas participer à la construction de bâtiments affectés au culte en vertu de la loi du 9 décembre 1905 instituant la séparation des églises et de l'Etat. Cependant, le ministère de la culture, de la communication et des grands travaux est intéressé par les aspects artistiques de l'opération qui sont actuellement à l'étude. C'est pourquoi il a donné son accord de principe pour le financement de commandes de projets à des artistes de renom et de l'aménagement éventuel d'un centre d'art sacré, structure de diffusion artistique ayant une vocation publique clairement distincte de l'affectation cultuelle de l'espace propre à la cathédrale. Il précise enfin que l'aide qu'il envisage d'apporter pour la promotion de l'art contemporain et de l'art sacré dans le cas de cette nouvelle construction est le complément logique de l'aide régulièrement apportée au titre de la restauration des monuments historiques dans le cas des cathédrales existantes.
Document 3 : les lieux de culte à Evry, extrait journal BFMTV, 5 avril 2011.
Document 4 : Le financement public des nouveaux lieux de culte est légal !
A la lecture des résultats d’une enquête réalisée à la demande de la délégation aux collectivités territoriales du Sénat, présidée par Jean-Marie Bockel (UDI – Haut-Rhin), par TNS Sofres, sur le financement des lieux de culte, on note que 59 % des élus locaux interrogés sont défavorables au financement public des nouveaux lieux de culte. Or, c'est oublier que celui-ci existe et qu'il est même encadré par la loi.
Dans son volet qualitatif, l’enquête réalisée par TNT Sofres à la demande de la délégation aux collectivités territoriales du Sénat nous présente des élus majoritairement défavorables au financement public des nouveaux lieux de culte qualifiant celui-ci « d’irrespectueux de la loi et contraire au devoir de neutralité des acteurs publics vis-à-vis du religieux ».
Or, s’il est vrai que la loi de 1905 interdit à une collectivité de contribuer à l’aménagement ou à la construction d’un nouvel édifice de culte, des dérogations à cette interdiction sont prévues par une loi plus récente, l’ordonnance du 21 avril 2006.
Codifiées à l’article L.1311-2 du code général des collectivités territoriales, ces dérogations permettent aux collectivités territoriales de conclure des baux emphytéotiques administratifs sur des dépendances de leur domaine privé ou public « en vue de l’affectation à une association cultuelle d’un édifice du culte ouvert au public ».
Financement indirect
Principe constitutionnel de laïcité oblige, cette possibilité est toutefois encadrée par le juge. Le 19 juillet, le Conseil d’Etat a considéré que la mise à disposition d’un terrain pour construire un édifice de culte était possible mais devait avoir deux contreparties (req. n° 320796) :
- La première est le versement, par le titulaire du bail, d’une redevance ;
- La seconde est l’incorporation dans le patrimoine de la collectivité, de l’édifice construit à l’expiration du bail, dont elle n’aura pas supporté les charges de conception, de construction, d’entretien ou de conservation.
Brigitte Menguy, Lagazettedescommunes.com, 21/01/2015
Document 5 : Les maires doivent-ils financer la construction des lieux de culte ?
Un sondage réalisé pour le Sénat montre que les maires sont très attachés à la laïcité. Ils sont confrontés aux demandes de constructions de nouveaux lieux de culte pour les musulmans et les évangélistes. 29% des maires sont pour un financement public/privé.
Un rapport du Sénat est en préparation sur le financement des lieux de culte. Si ce rapport de la délégation aux collectivités territoriales sera présenté dans environ un mois, publicsenat.fr a déjà eu accès à une étude réalisée pour sa préparation. Il s’agit d’une enquête TNS-Sofres, à la fois quantitative, avec 2.788 réponses sur 10.000 communes interrogées, et qualitative grâce à des entretiens réalisés avec 20 maires.
Au-delà des lieux de cultes anciens, c’est-à-dire les églises, qui sont entretenues par les communes en tant que patrimoine et dont le sujet fait consensus, c’est surtout la question des nouveaux lieux de culte qui est en jeu. « Il s’agit souvent des religions en expansion : l’Islam mais aussi les évangélistes », explique Hervé Maurey, sénateur UDI de l’Eure, en charge du rapport. Précision importante : 97% des maires sondés affirment qu’il n’est pas nécessaire de permettre la construction de nouveaux lieux de culte dans leur commune. On parle donc ici d’une minorité de cas.
La loi de 1905 ne permet pas de financer, mais…
La loi de 1905 ne permet pas à un maire de construire une église ou une mosquée. Mais dans les faits, une part de financement public est possible, comme le souligne Hervé Maurey : « La jurisprudence permet que la collectivité s’implique par dissociation de la partie cultuelle et de la partie culturelle. Par exemple une bibliothèque peut être subventionnée, ou une salle de réunion si elle n’est pas une salle de prière. La jurisprudence a fait évoluer la loi de 1905 », explique le sénateur, par ailleurs président de la commission du développement durable.
L’étude nous apprend que 29% des élus interrogés ne sont pas contre un système de co-financement des nouveaux lieux de culte (61% y sont opposés). Autrement dit, un financement qui mêle public et privé. « Au nom de la laïcité, les élus sont favorables à ce qu’on puisse répondre aux attentes et besoins de nouveaux lieux de culte, mais ils ne sont pas favorable à un financement unique de la collectivité », explique Hervé Maurey. Le co-financement le plus légitime sont les organisations religieuses, selon les maires (73%, plusieurs réponses possibles), suivi par l’Etat (45%), ce qui revient à élargir le financement public, puis les particuliers (42%). Seuls 3% répondent les Etats étrangers (…).
« Cette étude montre que la laïcité est au cœur des préoccupations des élus », souligne Hervé Maurey. Le maire d’une commune « de 10.000 à 19.999 habitants », cité anonymement dans l’étude, affirme qu’ « on a une chance énorme avec la loi de 1905 dans notre pays, ça clarifie bien les choses ». Un autre dit : « La laïcité, c’est un principe fondateur de notre Etat aujourd’hui. On doit garder une vigilance dessus ».
« Je serais plutôt favorable à la construction d’une mosquée plutôt que voir leur religion pratiquée dans des caves »
Cet attachement à la laïcité se traduit par la volonté des élus de permettre à toutes les religions d’exister. « Ce qu’on peut dire, en lien avec la malheureuse actualité récente, c’est que les élus sont assez responsables. Il vaut mieux prendre des mesures pour éviter les prières dans la rue. Ils sont pour laïcité, la liberté de culte. Il y a des demandes de construction de mosquées, de lieu de culte pour les évangélistes. Il n’y a pas forcément de mosquées de type grand édifice, ça peut être simplement une mise à disposition d’une salle de prière. Ça peut être des lieux assez modestes », explique Hervé Maurey.
Un maire d’une commune « de 10.000 à 19.999 habitants » affirme ainsi que « s’il y avait un besoin dans notre commune, je serais plutôt favorable à la construction d’une mosquée plutôt que voir leur religion pratiquée dans des caves ». L’adjoint d’une autre commune affirme : « Il faut que l’on reconnaisse que certes, historiquement la France est un pays catholique, mais du fait des migrations et flux il convient aussi d’entendre l’expression d’un certain nombre de Français qui ont une religion différente et qui, pour exercer et pratiquer leur religion, demandent à avoir la possibilité d’avoir des lieux adaptés et par conséquent, il faut une réponse».
« On est toujours resté dans le culte catholique, je vois mal d’autres cultes »
D’autre sont moins ouverts, comme ce maire d’une commune « de 5.000 à 9.999 habitants » : « On est dans une agglomération, on est juxtaposé à l’intercommunalité du grand Troyes et donc il y a des lieux de culte différents de la religion catholique dans l’agglomération. (…) Si on venait à me le demander, je demanderais d’abord d’aller voir sur Troyes. On est toujours resté dans le culte catholique, je vois mal d’autres cultes. Si on peut freiner, on freinera. On parle souvent de la religion musulmane … C’est vrai que vu ce qu’il se passe en Syrie et en Irak, à l’heure actuelle cela nous fait plutôt dire : il faudrait mieux freiner ce genre de choses, même si on fait bien le distinguo entre l’Islam et puis les djihadistes ».
En conclusion, l’étude souligne « un très fort attachement au principe de laïcité en France ». Quant à la construction de nouveaux lieux de culte c’est « un enjeu qui ne concerne pas toutes les communes et qui se focalise essentiellement sur le culte musulman ».
Un rapport du Sénat est en préparation sur le financement des lieux de culte. Si ce rapport de la délégation aux collectivités territoriales sera présenté dans environ un mois, publicsenat.fr a déjà eu accès à une étude réalisée pour sa préparation. Il s’agit d’une enquête TNS-Sofres, à la fois quantitative, avec 2.788 réponses sur 10.000 communes interrogées, et qualitative grâce à des entretiens réalisés avec 20 maires.
Au-delà des lieux de cultes anciens, c’est-à-dire les églises, qui sont entretenues par les communes en tant que patrimoine et dont le sujet fait consensus, c’est surtout la question des nouveaux lieux de culte qui est en jeu. « Il s’agit souvent des religions en expansion : l’Islam mais aussi les évangélistes », explique Hervé Maurey, sénateur UDI de l’Eure, en charge du rapport. Précision importante : 97% des maires sondés affirment qu’il n’est pas nécessaire de permettre la construction de nouveaux lieux de culte dans leur commune. On parle donc ici d’une minorité de cas.
La loi de 1905 ne permet pas de financer, mais…
La loi de 1905 ne permet pas à un maire de construire une église ou une mosquée. Mais dans les faits, une part de financement public est possible, comme le souligne Hervé Maurey : « La jurisprudence permet que la collectivité s’implique par dissociation de la partie cultuelle et de la partie culturelle. Par exemple une bibliothèque peut être subventionnée, ou une salle de réunion si elle n’est pas une salle de prière. La jurisprudence a fait évoluer la loi de 1905 », explique le sénateur, par ailleurs président de la commission du développement durable.
L’étude nous apprend que 29% des élus interrogés ne sont pas contre un système de co-financement des nouveaux lieux de culte (61% y sont opposés). Autrement dit, un financement qui mêle public et privé. « Au nom de la laïcité, les élus sont favorables à ce qu’on puisse répondre aux attentes et besoins de nouveaux lieux de culte, mais ils ne sont pas favorable à un financement unique de la collectivité », explique Hervé Maurey. Le co-financement le plus légitime sont les organisations religieuses, selon les maires (73%, plusieurs réponses possibles), suivi par l’Etat (45%), ce qui revient à élargir le financement public, puis les particuliers (42%). Seuls 3% répondent les Etats étrangers (…).
« Cette étude montre que la laïcité est au cœur des préoccupations des élus », souligne Hervé Maurey. Le maire d’une commune « de 10.000 à 19.999 habitants », cité anonymement dans l’étude, affirme qu’ « on a une chance énorme avec la loi de 1905 dans notre pays, ça clarifie bien les choses ». Un autre dit : « La laïcité, c’est un principe fondateur de notre Etat aujourd’hui. On doit garder une vigilance dessus ».
« Je serais plutôt favorable à la construction d’une mosquée plutôt que voir leur religion pratiquée dans des caves »
Cet attachement à la laïcité se traduit par la volonté des élus de permettre à toutes les religions d’exister. « Ce qu’on peut dire, en lien avec la malheureuse actualité récente, c’est que les élus sont assez responsables. Il vaut mieux prendre des mesures pour éviter les prières dans la rue. Ils sont pour laïcité, la liberté de culte. Il y a des demandes de construction de mosquées, de lieu de culte pour les évangélistes. Il n’y a pas forcément de mosquées de type grand édifice, ça peut être simplement une mise à disposition d’une salle de prière. Ça peut être des lieux assez modestes », explique Hervé Maurey.
Un maire d’une commune « de 10.000 à 19.999 habitants » affirme ainsi que « s’il y avait un besoin dans notre commune, je serais plutôt favorable à la construction d’une mosquée plutôt que voir leur religion pratiquée dans des caves ». L’adjoint d’une autre commune affirme : « Il faut que l’on reconnaisse que certes, historiquement la France est un pays catholique, mais du fait des migrations et flux il convient aussi d’entendre l’expression d’un certain nombre de Français qui ont une religion différente et qui, pour exercer et pratiquer leur religion, demandent à avoir la possibilité d’avoir des lieux adaptés et par conséquent, il faut une réponse».
« On est toujours resté dans le culte catholique, je vois mal d’autres cultes »
D’autre sont moins ouverts, comme ce maire d’une commune « de 5.000 à 9.999 habitants » : « On est dans une agglomération, on est juxtaposé à l’intercommunalité du grand Troyes et donc il y a des lieux de culte différents de la religion catholique dans l’agglomération. (…) Si on venait à me le demander, je demanderais d’abord d’aller voir sur Troyes. On est toujours resté dans le culte catholique, je vois mal d’autres cultes. Si on peut freiner, on freinera. On parle souvent de la religion musulmane … C’est vrai que vu ce qu’il se passe en Syrie et en Irak, à l’heure actuelle cela nous fait plutôt dire : il faudrait mieux freiner ce genre de choses, même si on fait bien le distinguo entre l’Islam et puis les djihadistes ».
En conclusion, l’étude souligne « un très fort attachement au principe de laïcité en France ». Quant à la construction de nouveaux lieux de culte c’est « un enjeu qui ne concerne pas toutes les communes et qui se focalise essentiellement sur le culte musulman ».
François Vignal, Public sénat,15.01.2015
Document 6 : Combien la France compte-t-elle de mosquées ?
« Il n'y a pas assez de mosquées en France, c'est évident. Il y a encore beaucoup trop de villes où la religion musulmane se pratique dans des conditions qui ne sont pas décentes. » Le secrétaire d'Etat à la simplification, Thierry Mandon, a appuyé mardi 7 avril sur i-Télé le constat formulé samedi par Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman (CFCM), sur le manque de lieux de culte dédiés à l'islam.
La déclaration a fait réagir la classe politique, à l'instar de Christian Estrosi, qui refuse toute nouvelle construction « tant que l'islam n'est pas structuré en France, tant qu'il n'est pas capable de former et de contrôler ses imams, tant qu'il n'y a pas ces garanties ». Quant au Front national, il dénonce par le biais de Florian Philippot une proposition « saugrenue et dangereuse ».
Au-delà de ces inquiétudes pourtant, force est de constater que par rapport au nombre de fidèles, le nombre de mosquées reste restreint.
1. Le flou des chiffres
On compte, en France, environ 4 millions de musulmans, selon diverses estimations, qui restent le plus souvent floues. L'institut national des études démographiques (Ined) évoque 2,1 millions de musulmans parmi les 18-50 ans, contre 11,5 millions de catholiques dans cette même tranche d'âge.
La déclaration a fait réagir la classe politique, à l'instar de Christian Estrosi, qui refuse toute nouvelle construction « tant que l'islam n'est pas structuré en France, tant qu'il n'est pas capable de former et de contrôler ses imams, tant qu'il n'y a pas ces garanties ». Quant au Front national, il dénonce par le biais de Florian Philippot une proposition « saugrenue et dangereuse ».
Au-delà de ces inquiétudes pourtant, force est de constater que par rapport au nombre de fidèles, le nombre de mosquées reste restreint.
1. Le flou des chiffres
On compte, en France, environ 4 millions de musulmans, selon diverses estimations, qui restent le plus souvent floues. L'institut national des études démographiques (Ined) évoque 2,1 millions de musulmans parmi les 18-50 ans, contre 11,5 millions de catholiques dans cette même tranche d'âge.
Tous ces musulmans ne sont pas pratiquants. Là aussi, le plus grand flou règne sur le nombre de fidèles qui fréquentent les mosquées.
Quant au nombre des lieux de culte, il n'est pas plus facile à identifier, notamment en raison du manque de centralisme de l'islam en France. Contrairement au catholicisme, qui dispose d'une organisation claire et structurée, l'islam, comme nombre de mouvances protestantes par exemple, est très peu hiérarchisé. S'il existe des instances respectées par tous les musulmans, il n'y a pas d'organigramme du clergé musulman. Une communauté de fidèles peut désigner l'un d'eux pour être son imam et diriger la prière. D'où la prolifération de salles de culte « officieuses » sans contrôle.
2. Un lieu de culte pour 1 200 fidèles
En 2012, le ministère de l'intérieur estimait qu'il y avait dans le pays 2 449 lieux de culte musulman, dont 318 outre-mer. Ce nombre a fortement augmenté durant la dernière décennie, puisque le précédent recensement faisait état de 1 536 lieux de culte en 2000.
Néanmoins, un lieu de culte n'est pas une mosquée. Pour l'essentiel, les musulmans français prient dans des salles discrètes, même si on constate depuis la fin des années 2000 une vague de constructions de mosquées plus visibles. On comptait en 2009 seulement 64 mosquées dotées de minarets pour près de 2 500 lieux de prière, soit 2,5 % environ, bien loin du symbole que représentent ces tours pour certains.
On peut se livrer à quelques extrapolations :
1/1 200 ? Si on estime qu'il y a en France 3 millions de pratiquants musulmans (soit une moyenne entre les divers chiffres cités), on parvient au ratio d'un lieu de culte pour 1 200 fidèles.
1/275 ? Si on compare avec le catholicisme, on recense environ 40 000 églises en France, pour 11 millions de catholiques , soit une église pour 275 fidèles. Mais en réalité, on compte plutôt autour de 4 millions de catholiques pratiquants (au moins une messe par mois), selon une étude CSA. Et toutes les églises ne sont pas fréquentées.On peut donc faire le ratio du nombre de catholiques pratiquants rapportés au nombre de diocèses (16 550 environ). Ce qui nous donne... 1 église pour 241 fidèles.
Les catholiques ont donc quatre fois plus d'endroits où se réunir pour prier. De fait, les responsables musulmans sont unanimes à faire ce constat : il n'y a pas assez de lieux de culte pour accueillir décemment les fidèles.
3. Le casse-tête du financement
Dernier point à rappeler, l'épineuse question du financement. En France, la loi interdit à l'Etat de financer un lieu de culte. Impossible, donc pour une mairie de construire une mosquée, alors même que sur le terrain, un grand nombre d'élus reconnaît le manque de lieux adaptés à la prière.
On se souvient ainsi de l'affaire des prières de rue, dans le 18e arrondissement de Paris. Durant des années, la rue Myrha était paralysée le vendredi par les fidèles qui s'y rassemblaient pour dénoncer le manque de place dans les lieux de culte proches. Une ancienne caserne a finalement été dédiée à la prière pour régler le problème en 2011.
Puisque l'Etat ne peut financer les mosquées, les fidèles tentent de s'en charger par des appels aux dons et des quêtes. Certains pays étrangers n'hésitent pas à donner, comme ce fut le cas par exemple de l'Algérie ou de l'Arabie Saoudite pour le financement de la mosquée de Lyon. Mais ce type de financement attire également les critiques qui craignent une « mainmise » externe sur l'islam de France.
Ce type de financement n'est pas toujours accueilli avec enthousiasme par les mairies, qui craignent les répercussions électorales de la construction d'une mosquée. C'est par exemple le cas à Tulle, ex-fief de François Hollande, où un projet de construction sème le trouble parmi la classe politique locale.
L'islam de France est donc confronté à une double contrainte : une dénonciation de la radicalisation qui serait le fait de certains lieux de culte sous emprise de l'islam rigoriste salafiste (selon Le Figaro, on compterait 89 mosquées salafistes contre 44 en 2010, soit donc 3,6 % contre 1,7 %) ; et dans le même temps, le refus par certains élus de nouvelles constructions de lieux de culte à cause de ce même danger de radicalisation.
Ces questions de financement et le peu d'enthousiasme de la classe politique sont autant d'éléments qui rendent improbable le doublement rapide du nombre de lieux de culte musulmans.
Quant au nombre des lieux de culte, il n'est pas plus facile à identifier, notamment en raison du manque de centralisme de l'islam en France. Contrairement au catholicisme, qui dispose d'une organisation claire et structurée, l'islam, comme nombre de mouvances protestantes par exemple, est très peu hiérarchisé. S'il existe des instances respectées par tous les musulmans, il n'y a pas d'organigramme du clergé musulman. Une communauté de fidèles peut désigner l'un d'eux pour être son imam et diriger la prière. D'où la prolifération de salles de culte « officieuses » sans contrôle.
2. Un lieu de culte pour 1 200 fidèles
En 2012, le ministère de l'intérieur estimait qu'il y avait dans le pays 2 449 lieux de culte musulman, dont 318 outre-mer. Ce nombre a fortement augmenté durant la dernière décennie, puisque le précédent recensement faisait état de 1 536 lieux de culte en 2000.
Néanmoins, un lieu de culte n'est pas une mosquée. Pour l'essentiel, les musulmans français prient dans des salles discrètes, même si on constate depuis la fin des années 2000 une vague de constructions de mosquées plus visibles. On comptait en 2009 seulement 64 mosquées dotées de minarets pour près de 2 500 lieux de prière, soit 2,5 % environ, bien loin du symbole que représentent ces tours pour certains.
On peut se livrer à quelques extrapolations :
1/1 200 ? Si on estime qu'il y a en France 3 millions de pratiquants musulmans (soit une moyenne entre les divers chiffres cités), on parvient au ratio d'un lieu de culte pour 1 200 fidèles.
1/275 ? Si on compare avec le catholicisme, on recense environ 40 000 églises en France, pour 11 millions de catholiques , soit une église pour 275 fidèles. Mais en réalité, on compte plutôt autour de 4 millions de catholiques pratiquants (au moins une messe par mois), selon une étude CSA. Et toutes les églises ne sont pas fréquentées.On peut donc faire le ratio du nombre de catholiques pratiquants rapportés au nombre de diocèses (16 550 environ). Ce qui nous donne... 1 église pour 241 fidèles.
Les catholiques ont donc quatre fois plus d'endroits où se réunir pour prier. De fait, les responsables musulmans sont unanimes à faire ce constat : il n'y a pas assez de lieux de culte pour accueillir décemment les fidèles.
3. Le casse-tête du financement
Dernier point à rappeler, l'épineuse question du financement. En France, la loi interdit à l'Etat de financer un lieu de culte. Impossible, donc pour une mairie de construire une mosquée, alors même que sur le terrain, un grand nombre d'élus reconnaît le manque de lieux adaptés à la prière.
On se souvient ainsi de l'affaire des prières de rue, dans le 18e arrondissement de Paris. Durant des années, la rue Myrha était paralysée le vendredi par les fidèles qui s'y rassemblaient pour dénoncer le manque de place dans les lieux de culte proches. Une ancienne caserne a finalement été dédiée à la prière pour régler le problème en 2011.
Puisque l'Etat ne peut financer les mosquées, les fidèles tentent de s'en charger par des appels aux dons et des quêtes. Certains pays étrangers n'hésitent pas à donner, comme ce fut le cas par exemple de l'Algérie ou de l'Arabie Saoudite pour le financement de la mosquée de Lyon. Mais ce type de financement attire également les critiques qui craignent une « mainmise » externe sur l'islam de France.
Ce type de financement n'est pas toujours accueilli avec enthousiasme par les mairies, qui craignent les répercussions électorales de la construction d'une mosquée. C'est par exemple le cas à Tulle, ex-fief de François Hollande, où un projet de construction sème le trouble parmi la classe politique locale.
L'islam de France est donc confronté à une double contrainte : une dénonciation de la radicalisation qui serait le fait de certains lieux de culte sous emprise de l'islam rigoriste salafiste (selon Le Figaro, on compterait 89 mosquées salafistes contre 44 en 2010, soit donc 3,6 % contre 1,7 %) ; et dans le même temps, le refus par certains élus de nouvelles constructions de lieux de culte à cause de ce même danger de radicalisation.
Ces questions de financement et le peu d'enthousiasme de la classe politique sont autant d'éléments qui rendent improbable le doublement rapide du nombre de lieux de culte musulmans.
Samuel Laurent, Le monde.fr, 08.04.2015