SéanceS 1 ET 2
Quelle est l’attitude des Français face à la construction européenne ?
Ressources en classe inversée :
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ACTIVITé
Document 1 : l’image de l’Union européenne chez les Français.
Source : L’opinion publique dans l’Union européenne, Eurobaromètre Standard 82,
Automne 2014 Document 2 : les Français et l’Union européenne.
D’après un sondage BVA, à la question suivante : d’après vous, l’Union européenne est-elle une bonne chose ou pas ?
Source : enquête CSA pour BFMTV et Nice matin, 9 mai 2014
PS : Parti socialiste
EELV : Europe Ecologie Les Verts Modem : Mouvement démocrate (centristes autour de François Bayrou) UMP : Union pour un Mouvement Populaire FN : Front National Document 3 : les Français eurosceptiques ? (document BAC)
Le « rêve européen », celui qui promettait au vieux continent un avenir meilleur fait de paix et de prospérité, a laissé place au désenchantement des petits matins gris, ceux de la grave crise économique que traverse l’Union depuis 2007. C’est particulièrement le cas en France où l’opinion publique sombre, comme jamais, dans l’euroscepticisme (…). L’Hexagone est le pays où la chute de popularité du projet européen est, en un an, la plus spectaculaire. Le contraste par rapport à l’Allemagne est frappant, l’europhilie y faiblissant à peine (60 % d’opinions favorables contre 41 % en France). Ce n’est pas vraiment une surprise : plusieurs sondages Eurobaromètres avaient déjà pointé ce bond de l’europessimisme gaulois étroitement corrélé au taux de chômage (…).
Comment expliquer un tel désenchantement alors que la France subit certes la crise économique, mais plutôt moins violemment que ses partenaires et surtout n’a pas (encore ?) enduré une cure d’austérité équivalente, même de loin, à celles que mènent plusieurs pays de la zone euro ou hors zone euro (Grande-Bretagne, pays Baltes) ? De fait, en dépit des coupes destinées à ramener le déficit public sous la barre des 3 % de PIB, son niveau de dépenses publiques est désormais l’un des plus élevés du monde occidental. En réalité, tout se passe comme si les Français vivaient la crise par procuration, redoutant, à terme, la déchéance, la dégradation, la pauvreté, bref d’être la prochaine Grèce. Une peur que l’on retrouve dans les enquêtes internationales mesurant le degré d’optimisme des populations : les Français se situent régulièrement en tête des peuples les plus pessimistes d’Europe et même du monde (…). À Bruxelles, on n’est guère surpris par cette poussée d’euroscepticisme : « il y avait des ferments avant la crise, comme l’ont montré le non au référendum de 2005 et la percée des partis populistes, comme le Front de gauche ou le Front national », des ferments que l’on retrouve au demeurant dans de nombreux pays européens. Mais « il y a deux spécificités françaises », décrypte Jean-Dominique Giuliani, le président de la Fondation Robert Schuman, un think tank(1) basé à Paris : « d’une part, la méfiance traditionnelle des Français à l’égard de la mondialisation est renforcée par la crise, ce qui rejaillit sur l’Europe. L’heure est au repli sur soi, pas à l’ouverture sur les autres. D’autre part, le désengagement des élites politiques et administratives françaises qui, depuis François Mitterrand, se sont désintéressées de l’Europe quand ils n’en ont pas fait un bouc émissaire » (…). De fait, le gouvernement se décharge avec une belle régularité sur l’anonyme « Bruxelles » des contraintes qui pèsent sur son budget, comme si le redressement de ses comptes ne s’imposait pas en dehors de toute contrainte européenne et comme s’il ne participait pas aux décisions prises (…). 1. Think tank : groupe d’experts des politiques publiques ou d’économie. Jean Quatremer, correspondant du quotidien de Libération à Bruxelles, « la France et l’épouvantail de Bruxelles », 14 mai 2013, bruxelles.blogs.liberation.fr
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Questions (semi-guidé) :
1. Comment évolue depuis 2008 l’image de l’Union européenne ? (document 1) 2. D’après ces documents, décrivez le profil de l’ « europhile » et de l’ « eurosceptique ». Complète le tableau. (document 2) 3. Présente le document 3. 4. D’après le texte, donne une définition à euroscepticisme. (document 3) 5. Comment les Français sont-ils amenés à se prononcer sur les grandes étapes de la construction européenne ? Comment évolue leur réponse ? (documents 4, 5, 6) 6. En quoi le référendum sur la constitution européenne de 2005 montre que l’opinion et les partis politiques sont très divisées ? Quels sont les principaux arguments des opposants au référendum de 2005 d’après ces affiches ? (document 6). 7. Décris la perception des Français sur les élargissements et les approfondissements ? (documents 7 et 8) 8. Pourquoi les Français sont-ils réticents aux élargissements d’après le document ? (document 9) 9. Quels sont les arguments en faveur de l’élargissement ? 10. A partir de tes réponses, de tes notes sur la vidéo et en t’appuyant régulièrement sur le document 5, rédige un paragraphe organisé et argumenté racontant le rôle de la France dans la construction européenne puis décrivant les sentiments des Français face à la construction européenne. Ce paragraphe devra être ensuite présenté oralement et faire l’objet d’un podcast. |
Document 4 : Affiche du parti communiste à l’occasion du référendum de 1972 sur l’entrée du Royaume-Uni, de l’Irlande et du Danemark.
52,3 % des Français votent en faveur du « oui »
Document 5 : Affiche pour le référendum sur le traité de Maastricht en 1992.
51,05 % des Français votent en faveur du « oui »
Document 6 : Affiches pour le référendum sur la constitution européenne en 2005.
54,67 % des Français votent en faveur du « non »
Document 7 : les Français face à l’élargissement de l’Union européenne.
Source : Eurobaromêtre, rapports standards, janvier 2010
Document 8 : les Français entre élargissement et approfondissement.
source : eurobaromètre 72, automne 2009
Document 9 : les réticences dans la société française face à l'adhésion de l'Espagne et du Portugal en 1986.
En France – et vous voyez que ce qu’on retrouve avec l’adhésion, le 1er mai 2004, des pays d’Europe centrale, en fait, ce n’est pas nouveau –, les Français sont très, très réticents quand il s’agit d’augmenter le nombre des convives autour de la table. On n’est pas très hospitaliers, très ouverts. Et, en 1984-1985, donc on est début 1985, il y a une véritable fronde dans les régions du sud de la France, venant notamment des milieux agricoles, des milieux viticoles et des milieux de la pêche. La flotte de pêche espagnole étant considérée comme pléthorique et, par conséquent, des concurrents redoutables.
Et puis alors, par capillarité, c’est toute la population qui est hostile et qui le manifeste (…). Il ne faut pas oublier que, lors du débat de ratification à l’Assemblée nationale, et on peut se reporter au Journal officiel, non seulement il y a eu des discours contre l’entrée de l’Espagne et du Portugal dans la Communauté, mais des groupes politiques ont voté contre ou se sont abstenus. Mais maintenant ils sont frappés d’amnésie. Parce que nos amis espagnols, nos amis portugais, qui se sont montrés d’excellents européens, du côté de certains Français, on ne veut pas assumer la responsabilité qu’on a eue à ce moment-là (…). Je trouve que là, on avait vraiment une vision incroyablement étriquée et, en plus, fausse. Car nous avions quand même techniquement bien négocié, car en définitive, actuellement par exemple, on exporte plus de produits agricoles et alimentaires en Espagne que nous n’en achetons. Alors, l’envahissement du marché français par ces produits, franchement c’était très exagéré. Très, très exagéré. Et puis, on sous-estimait la capacité des négociateurs.
En France – et vous voyez que ce qu’on retrouve avec l’adhésion, le 1er mai 2004, des pays d’Europe centrale, en fait, ce n’est pas nouveau –, les Français sont très, très réticents quand il s’agit d’augmenter le nombre des convives autour de la table. On n’est pas très hospitaliers, très ouverts. Et, en 1984-1985, donc on est début 1985, il y a une véritable fronde dans les régions du sud de la France, venant notamment des milieux agricoles, des milieux viticoles et des milieux de la pêche. La flotte de pêche espagnole étant considérée comme pléthorique et, par conséquent, des concurrents redoutables.
Et puis alors, par capillarité, c’est toute la population qui est hostile et qui le manifeste (…). Il ne faut pas oublier que, lors du débat de ratification à l’Assemblée nationale, et on peut se reporter au Journal officiel, non seulement il y a eu des discours contre l’entrée de l’Espagne et du Portugal dans la Communauté, mais des groupes politiques ont voté contre ou se sont abstenus. Mais maintenant ils sont frappés d’amnésie. Parce que nos amis espagnols, nos amis portugais, qui se sont montrés d’excellents européens, du côté de certains Français, on ne veut pas assumer la responsabilité qu’on a eue à ce moment-là (…). Je trouve que là, on avait vraiment une vision incroyablement étriquée et, en plus, fausse. Car nous avions quand même techniquement bien négocié, car en définitive, actuellement par exemple, on exporte plus de produits agricoles et alimentaires en Espagne que nous n’en achetons. Alors, l’envahissement du marché français par ces produits, franchement c’était très exagéré. Très, très exagéré. Et puis, on sous-estimait la capacité des négociateurs.
Interview de Catherine Lalumière (secrétaire d’Etat auprès du ministre des relations extérieures, chargée des affaires européennes entre 1984 et 1986), Paris, 17 mai 2006, Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe, www.cvc.eu