En quoi la ville de Tolède est un lieu de contact privilégié entre les cultures de la Méditerranée ?
Compétences travaillées
CONNAISSANCES :
|
CAPACITES :
|
ATTITUDES :
|
Objectifs :
- Comprendre les contacts qui s'établissent et les formes de syncrétisme culturel qui naissent en Espagne.
- Analyser des documents
QUESTIONS :
►Utiliser une approche historique pour mener une analyse d’une situation historique
- Quand Tolède est-elle reconquise par les chrétiens ?
- En quoi les principaux bâtiments de Tolède indiquent-ils la diversité de la population de la ville au XIIe siècle ?
- En quoi l’architecture de Tolède témoigne-t-elle de la cohabitation de cultures différentes ? (document 4)
- 4. Quelles sont les motivations des lettrés chrétiens qui se rendent à Tolède ? Expliquez pourquoi la ville est un centre intellectuel connu dans toute l’Europe (documents 2 et 3)
Ancienne capitale des wisigoths chrétiens, la ville est prise par les musulmans en 712. Elle est reconquise par les chrétiens en 1085, Tolède devient au XIIe siècle un lieu de contact privilégié entre les savants des trois cultures : chrétienne, juive et musulman et un centre de traduction réputé.
Document 1 : Tolède au XIIe siècle.
Document 2 :
Pour éviter que les ténèbres du silence(1) ne viennent cacher maître Gérard de Crémone(2), [. ..] ses compagnons ont soigneusement dressé la liste de toutes les œuvres qu'il a traduites, dans le domaine de la dialectique comme de la géométrie, de l'astrologie comme de la philosophie, de la médecine comme des autres sciences [...].
L'amour de l'Almageste(3), qu'il ne trouvait pas chez les Latins, le poussa à Tolède. Il y vit une grande abondance d'ouvrages en langue arabe sur toutes les disciplines [. ..], il apprit l'arabe pour pouvoir les traduire ; s'appuyant à la fois sur sa science et sur sa connaissance de la langue [...] jusqu'à la fin de sa vie, il n'a cessé de traduire de I'arabe, le plus clairement et intelligiblement qu'il a pu tous les livres qu'il jugeait les plus fins, dans la plupart des disciplines, pour les remettre à la latinité comme à une héritière chérie.
L'amour de l'Almageste(3), qu'il ne trouvait pas chez les Latins, le poussa à Tolède. Il y vit une grande abondance d'ouvrages en langue arabe sur toutes les disciplines [. ..], il apprit l'arabe pour pouvoir les traduire ; s'appuyant à la fois sur sa science et sur sa connaissance de la langue [...] jusqu'à la fin de sa vie, il n'a cessé de traduire de I'arabe, le plus clairement et intelligiblement qu'il a pu tous les livres qu'il jugeait les plus fins, dans la plupart des disciplines, pour les remettre à la latinité comme à une héritière chérie.
Éloge funèbre de Gérard de Crémone (1187),
cité dans Jean Favier, Archives de l'Occident, Tome 1, Fayard 1992.
cité dans Jean Favier, Archives de l'Occident, Tome 1, Fayard 1992.
- l’oubli
- écrivain et traducteur italien du Moyen Age qui vécut au XIIe siècle.
- oeuvre de Claude Ptolémée datant du IIe siècle. Elle constitue la somme des connaissances les plus avancées de l’Antiquité en mathématiques et en astronomie.
Document 3 :
« La passion de l'étude m'avait chassé d'Angleterre. Je restai quelque temps à Paris. Je n'y vis que des sauvages installés avec une grave autorité dans leurs sièges scolaires, avec devant eux deux ou trois escabeaux chargés d'énormes ouvrages (...). Leur ignorance les contraignait à une immobilité de statue (…). Aussi, comme de nos jours c'est à Tolède que l'enseignement des Arabes qui consiste presque entièrement dans les disciplines du quadrivium (arithmétique, géométrie, astronomie, musique) est dispensé aux foules, je me hâtais de m'y rendre pour y écouter les leçons des plus grands philosophes au monde (...). Invité à rentrer d'Espagne, je suis venu en Angleterre avec une précieuse quantité de livres. On me dit qu'en ces régions, (…) Aristote et Platon y étaient voués au plus profond oubli (...). Que personne ne s'émeuve si, traitant de la création du monde, j'invoque le témoignage non des Pères de l’Eglise mais des philosophes païens car, bien que ceux-là ne figurent pas parmi les fidèles, certaines de leurs paroles, si elles sont pleines de foi, doivent être incorporées à notre enseignement. »
Daniel de Morley(1), cité par J. Le Goff,
Les Intellectuels au Moyen Age, Paris, Editions du Seuil, 1957
Les Intellectuels au Moyen Age, Paris, Editions du Seuil, 1957
- Daniel de Morley (v.1140 - v.1210), est un philosophe anglais connu pour avoir écrit un traité d’astronomie et de philosophie naturelle. Après ses études en Angleterre, il séjourne brièvement à Paris puis se rend à Tolède où il devient l’élève du traducteur Gérard de Crémone.
Document 4 :
Intérieur de l’église San Roman à Tolède montrant au premier plan des arcs de style mudéjar c’est à dire inspirés d’influences, de techniques et de matériaux musulmans puis des peintures de type byzantines au second plan et des arcs de type gothique au dernier plan.