En quoi la Croisade creuse-t-elle les antagonismes en Méditerranée ?
Compétences travaillées
CONNAISSANCES :
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CAPACITES :
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ATTITUDES :
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Objectifs :
- Comprendre les objectifs et le déroulement des croisades
- Extraire des informations d’un document
QUESTIONS :
►Utiliser une approche historique pour mener une analyse d’une situation historique
- Quels sont les causes données par Bernard de Clairvaux à la deuxième croisade ? (document 1)
- Quels sont les participants ? (documents 1, 4)
- Qu’est ce qui est promis au croisés par Bernard de Clairvaux ? (document 1)
- Quels sont les buts des croisés ? (documents 1 et 4)
- Quelles sont les conséquences des croisades ? (documents 3 et 4)
Document 1 :
A mes seigneurs et très-chers pères les archevêques et évêques, à tout le clergé et aux fidèles de la France orientale et de la Bavière, Bernard, abbé de Clairvaux, que l'esprit de force abonde en eux.
Je vous écris pour une affaire du christ dans lequel réside notre salut(1) ; Tels sont les motifs qui me portent à vous écrire et les raisons qui m'engagent à vous adresser cette circulaire (…). Voici, mes frères, voici un temps favorable et des jours de salut. Le monde chrétien s'est ému à la nouvelle que le Dieu du ciel allait perdre sa terre(2), (…) où on l'a vu, lui, le Verbe(3) du Père, instruire les hommes et vivre au milieu d'eux, dans sa forme humaine (…). Aujourd’hui, nos péchés(4) l'ont fait tomber aux mains des ennemis de la croix, leur glaive dévorant sème partout la mort sur cette terre. Bientôt, hélas si on ne s'oppose à leur fureur ils s'abattront sur la ville(5) même du Dieu vivant, renverseront les monuments sacrés de notre rédemption et souilleront les lieux saints (…). Et quoi, généreux guerriers, serviteurs de la croix, abandonnerez-vous le Saint des saints aux chiens et des perles aussi précieuses aux pourceaux ?(…). Jetez un regard d'admiration sur les moyens de salut que le Seigneur vous offre, et sondez avec confiance les abîmes de sa miséricorde(6) (…). Il n'y a que Dieu, en effet, qui puisse trouver une pareille occasion de salut pour des homicides(7) et des ravisseurs, pour des adultères(8) et des parjures(9), enfin pour des hommes souillés de toute espèce de crimes (…). C'est à vous maintenant, (…) de vous lever comme un seul homme, et de ceindre des armes bénies des chrétiens. Renoncez à cette pratique, qui vous arme si souvent et vous précipite les uns contre les autres pour vous exterminer de vos propres mains (…). Je vous offre aujourd'hui, peuple aussi belliqueux(10) que brave, une belle occasion de vous battre sans vous exposer à aucun danger, de vaincre avec une véritable gloire et de mourir avec avantage. Si, au contraire, vous êtes adonné au négoce(11) (…), je ne saurais vous indiquer une plus belle occasion de trafic fructueux, ne la laissez point passer. Croisez-vous, mes frères, et vous êtes assurés de gagner l'indulgence(12) de tous vos péchés (…). Ainsi-soit-il. |
Portait de Bernard de Clairvaux dans une lettrine ornant un manuscrit de La Légende dorée, rédigé par Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes, vers 1267-1276.
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Lettre 363 au peuple et au clergé de la France orientale, dite encyclique de Saint Bernard,
Bernard de Clairvaux(13), 1146
Bernard de Clairvaux(13), 1146
- promesse d’accès au paradis
- la terre sainte, c’est à dire la région où vécut et mourut Jésus-Christ. La forteresse chrétienne d’Edesse est prise par les musulmans en 1144. Le comté d’Edesse est le tout premier des Etats latins d’Orient. il est crée à la suite de la première croisade (1096-1099) en 1098.
- Jésus qui représente la parole de Dieu
- erreurs
- Jérusalem
- indulgence
- assassinats
- le fait de tromper sa femme
- mentir sous serment
- qui cherche à se battre
- commerce
- remise des peines
- Bernard de Fontaine est né en 1090 à Fontaine-lès-Dijon et mort le 20 août 1153 à l'abbaye de Clairvaux. Il est un moine bourguignon, réformateur de la vie religieuse catholique. Il fut un important promoteur de l'ordre cistercien (ou ordre de Cîteaux). Il fonde en 1115 l’abbaye de Clairvaux. En 1146, Bernard de Clairvaux prêche la deuxième croisade.
Document 2 : les 3 premières croisades.
Document 3 :
Au-delà du récit des grandes expéditions parties d’Occident au XIe-XIIIe siècle, les historiens se demandent désormais quelle société est née de l’irruption des Latins au Levant.
Des formes inédites de peuplement, un hérissement de forteresses qui deviennent des pôles économiques, une nouvelle culture militaire, des métissages, des flux migratoires quasi continus pendant un siècle... Avec les croisades, le visage de l’Orient change.
Des formes inédites de peuplement, un hérissement de forteresses qui deviennent des pôles économiques, une nouvelle culture militaire, des métissages, des flux migratoires quasi continus pendant un siècle... Avec les croisades, le visage de l’Orient change.
L’Histoire, la croisade, une colonisation comme les autres ?, n°435, mai 2017
Document 4 :
Sans doute la croisade a paru aux chevaliers et aux paysans du XIe siècle un exutoire(1) au trop-plein occidental, et le désir de terres, de richesses, de fiefs outre-mer a été un appât primordial. Mais les croisades, avant même de se solder par un échec complet, n'ont pas résolu la soif de terre des Occidentaux, et ceux-ci ont dû rapidement chercher en Europe, et d'abord dans l'essor agricole, la solution que le mirage ultramarin ne leur avait pas apportée. [...]
Les croisades n'ont apporté à la Chrétienté ni l'essor(2) commercial né de rapports antérieurs avec le monde musulman et du développement interne de l'économie occidentale, ni les techniques et les produits venus par d'autres voies, ni l'outillage intellectuel fourni par les centres de traduction et les bibliothèques de Grèce, d'Italie (de Sicile avant tout) et d'Espagne où les contacts étaient autrement étroits et féconds qu'en Palestine, ni même ce goût du luxe et ces habitudes molles que des moralistes moroses d'Occident croient être l'apanage de l'Orient et le cadeau empoisonné des infidèles aux croisés naïfs et sans défense devant les charmes et les charmeuses de l'Orient. [...] Qu'elles aient au contraire contribué à l'appauvrissement de l'Occident, en particulier de la classe chevaleresque, que loin de créer l'unité morale de la Chrétienté elles aient fortement poussé à envenimer des oppositions nationales naissantes [...], qu'elles aient creusé un fossé définitif entre Occidentaux et Byzantins (de croisade en croisade s'accentue l'hostilité entre Latins et Grecs qui aboutira à la IVe croisade et à la prise de Constantinople par les croisés en 1204), que loin d'adoucir les mœurs, la rage de la guerre sainte ait conduit les croisés aux pires excès, depuis les pogroms(3) perpétrés sur leur route jusqu'aux massacres et pillages (de Jérusalem par exemple en 1099, et de Constantinople en 1204 qu'on peut lire dans les récits de chroniqueurs chrétiens aussi bien que musulmans ou byzantins), que le financement de la croisade ait été le motif ou le prétexte à l'alourdissement de la fiscalité pontificale, à la pratique inconsidérée des indulgences(4), et que finalement les ordres militaires impuissants à défendre et à conserver la Terre sainte se soient repliés sur l'Occident pour s'y livrer à toutes sortes d'exactions financières ou militaires ; voilà en fait le lourd passif de ces expéditions. Je ne vois guère que l'abricot comme fruit possible ramené des croisades par les chrétiens
Les croisades n'ont apporté à la Chrétienté ni l'essor(2) commercial né de rapports antérieurs avec le monde musulman et du développement interne de l'économie occidentale, ni les techniques et les produits venus par d'autres voies, ni l'outillage intellectuel fourni par les centres de traduction et les bibliothèques de Grèce, d'Italie (de Sicile avant tout) et d'Espagne où les contacts étaient autrement étroits et féconds qu'en Palestine, ni même ce goût du luxe et ces habitudes molles que des moralistes moroses d'Occident croient être l'apanage de l'Orient et le cadeau empoisonné des infidèles aux croisés naïfs et sans défense devant les charmes et les charmeuses de l'Orient. [...] Qu'elles aient au contraire contribué à l'appauvrissement de l'Occident, en particulier de la classe chevaleresque, que loin de créer l'unité morale de la Chrétienté elles aient fortement poussé à envenimer des oppositions nationales naissantes [...], qu'elles aient creusé un fossé définitif entre Occidentaux et Byzantins (de croisade en croisade s'accentue l'hostilité entre Latins et Grecs qui aboutira à la IVe croisade et à la prise de Constantinople par les croisés en 1204), que loin d'adoucir les mœurs, la rage de la guerre sainte ait conduit les croisés aux pires excès, depuis les pogroms(3) perpétrés sur leur route jusqu'aux massacres et pillages (de Jérusalem par exemple en 1099, et de Constantinople en 1204 qu'on peut lire dans les récits de chroniqueurs chrétiens aussi bien que musulmans ou byzantins), que le financement de la croisade ait été le motif ou le prétexte à l'alourdissement de la fiscalité pontificale, à la pratique inconsidérée des indulgences(4), et que finalement les ordres militaires impuissants à défendre et à conserver la Terre sainte se soient repliés sur l'Occident pour s'y livrer à toutes sortes d'exactions financières ou militaires ; voilà en fait le lourd passif de ces expéditions. Je ne vois guère que l'abricot comme fruit possible ramené des croisades par les chrétiens
Jacques Le Goff(5), La Civilisation de l'Occident médiéval, Arthaud, 198
- ce qui permet de se soulager, de se débarrasser
- développement
- action violente de masse contre les juifs
- rémission des péchés obtenu en contrepartie d’un don ou d’un acte de pété (pélerinage, prière, mortification)
- Historien de la seconde moitié du XXe siècle, spécialiste du Moyen-Age