Pourquoi l’empire byzantin a-t-il duré si longtemps ?
Compétences travaillées
CONNAISSANCES :
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CAPACITES :
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ATTITUDES :
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Objectifs :
- Comprendre pourquoi l’empire byzantin a duré onze siècles
- Comprendre la place de Constantinople dans l'empire byzantin
- extraire des informations d'un document
- Réaliser un oral
QUESTIONS :
►Procéder à l’analyse critique d’un document selon une approche historique.
1. Présente les documents 2, 3 et 4 en complétant le tableau.
1. Présente les documents 2, 3 et 4 en complétant le tableau.
►Construire et vérifier des hypothèses sur une situation historique
2. En t’appuyant sur l’ensemble des documents, réalise un podcast répondant à la question suivante : pourquoi l’empire byzantin a-t-il duré si longtemps avant de disparaître ?Utilise les documents pour justifier tes arguments.
2. En t’appuyant sur l’ensemble des documents, réalise un podcast répondant à la question suivante : pourquoi l’empire byzantin a-t-il duré si longtemps avant de disparaître ?Utilise les documents pour justifier tes arguments.
Document 1 :
Document 2 :
Après cinq jours de marche entre les montagnes, on arrive enfin à la grande ville de Constantinople (…). Elle est le lieu de la résidence du roi Manuel, empereur (…). La ville de Constantinople a dix-huit milles de contour, de telle sorte qu'il y en la moitié située sur la mer et l'autre moitié sur le continent. Elle est sur deux bras de mer (…). Les marchands y viennent de tous côtés, de Babylone, de Sinéar(1), de la Médie(2), de la Perse(3), de tout le royaume d'Egypte, de la terre de Chanaan(4), du royaume de Russie, de la Hongrie, de Phasianke(5), de Burie(5), de la Lombardie(6) et de l'Espagne. La ville est fort peuplée, à cause de la foule des marchands qui y abondent de tous côtés, par mer et par terre, en sorte qu'il n'y a point de ville dans le monde qui puisse lui être comparée que Bagdad, cette grande ville qui appartient aux Ismaélites(7). C'est aussi à Constantinople qu'est le temple de Sainte-Sophie et le pape(8) des Grecs(9), ces derniers n'étant point soumis aux lois du pape de Rome. On compte autant d'autels que de jours en l'an dans le temple de Sainte-Sophie. On y apporte des richesses immenses des îles, châteaux et villes de tout le pays.
Il y a aussi un lieu où le roi se divertit, appelé Hippodrome, près de la muraille du palais. C'est là que tous les ans, le jour de la naissance de Jésus le Nazaréen, le roi donne un grand spectacle (…). Le roi Manuel a aussi bâti un grand palais, pour le trône ou le siège de son royaume, sur le bord de la mer (…). C'est là aussi qu'il s'est fait un trône d'or et de pierres précieuses, au-dessus duquel est pendue une couronne d'or par une chaîne aussi d'or, qui vient justement à sa mesure quand il est assis. Il y a à cette couronne des pierreries d'un si grand prix que personne ne peut les estimer.
C'est là qu'on apporte tous les ans les tributs de toute la Grèce(10), dont les tours sont remplies d'habits de soie, de pourpre et d'or. On ne voit nulle part ailleurs dans le monde de tels édifices ni de si grandes richesses ; on dit même que le tribut de la seule ville de Constantinople monte à vingt mille florins d'or par jour, tant de ce qui provient des impôts sur les boutiques, sur les hôtelleries et sur les places des marchés, que de ceux que payent les marchands, qui y abondent de tous cotés par mer et parterre (…).
Le pays est fort vaste, abondant en pain, en viande, en vin et en toutes sortes de denrées. Personne, dans toute la terre, ne les égale en richesse.
Les Grecs sont aussi très versés et savants dans leurs livres, mangeant et buvant chacun dans sa vigne et chacun sous son figuier.
Ils entretiennent des soldats à gages de toutes les nations, qu'ils appellent barbares, pour faire la guerre au roi des peuples de Togarma, appelés Turcs ; car les Grecs eux-mêmes n'ont ni cœur ni courage pour la guerre : aussi sont-ils réputés comme des femmes qui n'ont aucune force pour combattre.
Il n'y a point de Juifs parmi eux dans la ville ; on les a transportés au delà d'un bras de mer. Le bras de mer de Sainte-Sophie les environne d'un côté, et ils ne peuvent sortir pour négocier avec les habitants de la ville que par mer (…). Le lieu où ils habitent s'appelle Péra.
Il y a aussi un lieu où le roi se divertit, appelé Hippodrome, près de la muraille du palais. C'est là que tous les ans, le jour de la naissance de Jésus le Nazaréen, le roi donne un grand spectacle (…). Le roi Manuel a aussi bâti un grand palais, pour le trône ou le siège de son royaume, sur le bord de la mer (…). C'est là aussi qu'il s'est fait un trône d'or et de pierres précieuses, au-dessus duquel est pendue une couronne d'or par une chaîne aussi d'or, qui vient justement à sa mesure quand il est assis. Il y a à cette couronne des pierreries d'un si grand prix que personne ne peut les estimer.
C'est là qu'on apporte tous les ans les tributs de toute la Grèce(10), dont les tours sont remplies d'habits de soie, de pourpre et d'or. On ne voit nulle part ailleurs dans le monde de tels édifices ni de si grandes richesses ; on dit même que le tribut de la seule ville de Constantinople monte à vingt mille florins d'or par jour, tant de ce qui provient des impôts sur les boutiques, sur les hôtelleries et sur les places des marchés, que de ceux que payent les marchands, qui y abondent de tous cotés par mer et parterre (…).
Le pays est fort vaste, abondant en pain, en viande, en vin et en toutes sortes de denrées. Personne, dans toute la terre, ne les égale en richesse.
Les Grecs sont aussi très versés et savants dans leurs livres, mangeant et buvant chacun dans sa vigne et chacun sous son figuier.
Ils entretiennent des soldats à gages de toutes les nations, qu'ils appellent barbares, pour faire la guerre au roi des peuples de Togarma, appelés Turcs ; car les Grecs eux-mêmes n'ont ni cœur ni courage pour la guerre : aussi sont-ils réputés comme des femmes qui n'ont aucune force pour combattre.
Il n'y a point de Juifs parmi eux dans la ville ; on les a transportés au delà d'un bras de mer. Le bras de mer de Sainte-Sophie les environne d'un côté, et ils ne peuvent sortir pour négocier avec les habitants de la ville que par mer (…). Le lieu où ils habitent s'appelle Péra.
Benjamin de Tulède(11), relation de voyage, XIIe siècle
- oasis située au Sud de la Mésopotamie (dans l’actuel Irak)
- Ouest de l’actuel Iran
- Sud de l’actuel Iran
- variante de Canaan, actuel Israël
- régions des Balkans, sud Est de l’Europe
- Nord de l’Italie
- musulmans
- chef de l’église chrétienne d’orient dont le siège est à Constantinople
- Nom donné aux habitants de l’empire byzantin
- empire byzantin
- Benjamin de Tolède est un rabbin navarrais (au nord de l’Espagne). Il vécut au XIIe siècle, il est une figure majeure de la géographie et de l’histoire juive médiévale. Le récit de ses voyages est un travail important concernant la géographie du Moyen Âge. Il passe par la Grèce, Constantinople, la Syrie, la Palestine et la Mésopotamie. Il s'arrête fréquemment, pour rencontrer les gens, visiter les lieux, décrire les occupations, établir un décompte démographique des Juifs dans chaque ville et région.
Document 3 :
Entre l'inauguration de Constantinople par Constantin Ier le 11 mai 330 et la conquête par l'Ottoman Mehmed II de la ville alors défendue par Constantin XI le 29 mai 1453, il s'est écoulé plus de onze siècles. Seul l'Empire chinois qui a duré deux mille ans peut prétendre rivaliser.
Certes, le contraste est flagrant entre l'empire de 330, qui s'étend de l'Atlantique à l'Euphrate, et celui de 1453, réduit à quelques centaines de km2, voire aux 1450 hectares que contiennent les murailles édifiées par Théodose II autour de Constantinople au Ve siècle et qui durent céder enfin sous le feu de l'artillerie naissante (…).
La longue durée de l'empire des Romains, dit byzantin, repose sur une idéologie, celle de la monarchie constantinienne, qui perdure durant les onze siècles, et sur une administration comparativement sophistiquée, qui nécessite un degré certain d'instruction mais dont l'efficacité pratique n'est pas toujours à la hauteur de ce qui est attendu. Pour l'époque, dans la zone euroméditerranéenne, c'est toutefois sans égal.
Au-delà de l'incertitude du sort des armes, dont les Byzantins se servent quand leur machine diplomatique doit céder le pas, c'est bien ce qui explique la durée exceptionnelle de cet empire. Il faut y ajouter une incroyable facilité à assimiler ceux qui frappent à la porte. L'empire étant par essence universel, il n'y a pas à proprement parler d'étranger, surtout lorsque l'immigrant est chrétien ou accepte de le devenir. Plusieurs empereurs sont d'ailleurs d'origine arménienne. Le melting-pot(1) byzantin, comme jadis le melting-pot romain, fonctionne. Il faudra attendre l'insolente réussite des marchands italiens, au XIIe siècle, qui étaient arrivés à obtenir des empereurs des avantages fiscaux, pour que la xénophobie(2) monte sur les rives du Bosphore, entraînant d'abord l'expulsion des Vénitiens, puis un véritable massacre des ressortissants latins(3). Mais ceux-là n'étaient pas venus se fondre dans la communauté byzantine.
Certes, le contraste est flagrant entre l'empire de 330, qui s'étend de l'Atlantique à l'Euphrate, et celui de 1453, réduit à quelques centaines de km2, voire aux 1450 hectares que contiennent les murailles édifiées par Théodose II autour de Constantinople au Ve siècle et qui durent céder enfin sous le feu de l'artillerie naissante (…).
La longue durée de l'empire des Romains, dit byzantin, repose sur une idéologie, celle de la monarchie constantinienne, qui perdure durant les onze siècles, et sur une administration comparativement sophistiquée, qui nécessite un degré certain d'instruction mais dont l'efficacité pratique n'est pas toujours à la hauteur de ce qui est attendu. Pour l'époque, dans la zone euroméditerranéenne, c'est toutefois sans égal.
Au-delà de l'incertitude du sort des armes, dont les Byzantins se servent quand leur machine diplomatique doit céder le pas, c'est bien ce qui explique la durée exceptionnelle de cet empire. Il faut y ajouter une incroyable facilité à assimiler ceux qui frappent à la porte. L'empire étant par essence universel, il n'y a pas à proprement parler d'étranger, surtout lorsque l'immigrant est chrétien ou accepte de le devenir. Plusieurs empereurs sont d'ailleurs d'origine arménienne. Le melting-pot(1) byzantin, comme jadis le melting-pot romain, fonctionne. Il faudra attendre l'insolente réussite des marchands italiens, au XIIe siècle, qui étaient arrivés à obtenir des empereurs des avantages fiscaux, pour que la xénophobie(2) monte sur les rives du Bosphore, entraînant d'abord l'expulsion des Vénitiens, puis un véritable massacre des ressortissants latins(3). Mais ceux-là n'étaient pas venus se fondre dans la communauté byzantine.
Michel Kaplan(4), Pourquoi l’empire a duré si longtemps, Hors-série L’Histoire,
Les collections, n°80, juillet-septembre 2018
Les collections, n°80, juillet-septembre 2018
- Endroit où se mêlent des éléments d'origines très variées, où se rencontrent des idées différentes pour ne former qu'un seul et même ensemble harmonieux avec une culture commune.
- peur de l’étranger
- originaire de la chrétienté occidentale (Europe de l’ouest)
- Michel Kaplan est un historien médiéviste, spécialiste de l’empire byzantin. L’un de ses derniers ouvrages s’intitule Pourquoi Byzance ? : Un empire de onze siècles, publié en 2016.
Document 4 :
Mosaïque des Comnène (XIIe siècle), basilique Sainte-Sophie (Istanbul, Turquie).
Au milieu, Marie tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux donnant sa bénédiction. À sa droite, l'empereur Jean II Comnène (empereur de l’empire byzantin de 118 à 1143), représenté dans un costume brodé de pierreries. Il tient à la main une bourse, symbole d'une donation impériale à l'église ; à sa gauche, l'impératrice Irène.
Au milieu, Marie tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux donnant sa bénédiction. À sa droite, l'empereur Jean II Comnène (empereur de l’empire byzantin de 118 à 1143), représenté dans un costume brodé de pierreries. Il tient à la main une bourse, symbole d'une donation impériale à l'église ; à sa gauche, l'impératrice Irène.