Constantin a-t-il initié le césaropapisme ?
Compétences travaillées
CONNAISSANCES :
NOTIONS :
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CAPACITES :
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Objectifs :
- Comprendre le rôle de Constantin dans la construction du césaropapisme byzantin
- Connaître et mettre en perspective la figure de Constantin
- Analyser un document
QUESTIONS :
►Procéder à l’analyse critique d’un document selon une approche historique
1. Présente le document 1 (nature, date, auteur, sens général du document).
2. Quand la notion de césaropapisme a-t-elle été élaborée ?
3. Quelle conception du pouvoir développe Eusèbe de Césarée pour l’empereur Constantin ?
4. Pourquoi peut-on dire que Constantin s’implique dans la religion chrétienne ?
5. Pour autant, quel empereur donne à la religion chrétienne le statut de religion d’Etat ?
6. Au final, pourquoi dire que Constantin a été à l’origine du césaropapisme est excessif ?
1. Présente le document 1 (nature, date, auteur, sens général du document).
2. Quand la notion de césaropapisme a-t-elle été élaborée ?
3. Quelle conception du pouvoir développe Eusèbe de Césarée pour l’empereur Constantin ?
4. Pourquoi peut-on dire que Constantin s’implique dans la religion chrétienne ?
5. Pour autant, quel empereur donne à la religion chrétienne le statut de religion d’Etat ?
6. Au final, pourquoi dire que Constantin a été à l’origine du césaropapisme est excessif ?
L’empereur Constantin fut un empereur important qui vécut au début du IVe siècle. Lors de son règne, l’empereur joue un rôle très important dans l’expansion et la reconnaissance de la religion chrétienne. Il s’implique fortement, à tel point que les historiens, notamment Gilbert Dagron, un spécialiste de l’empire byzantin, ont longtemps pensé que Constantin avait initié le système du césaropapisme qui sera au coeur du gouvernement dans l’empire byzantin. Les souverains occidentaux durant les siècles suivants vont aussi s’en inspirer.
Le césaropapisme est un thème élaboré au XIXe siècle pour décrire un système de gouvernement ou l’empereur veut exercer son pouvoir sur les affaires religieuses empiétant sur le pouvoir spirituel du pape.
Aujourd’hui, les historiens ont un point de vue plus nuancé amenant à se demander si Constantin est bien à l’origine de ce césaropapisme.
Le césaropapisme est un thème élaboré au XIXe siècle pour décrire un système de gouvernement ou l’empereur veut exercer son pouvoir sur les affaires religieuses empiétant sur le pouvoir spirituel du pape.
Aujourd’hui, les historiens ont un point de vue plus nuancé amenant à se demander si Constantin est bien à l’origine de ce césaropapisme.
Document 1 :
La notion de « césaropapisme(1) » est récente. A l'époque de Constantin, l'évêque de Rome(2) n'était pas encore appelé « pape », et le titre de « César » désignait ses successeurs présomptifs. Il s'agit donc d'une rétrojection(3), sur Constantin, d'un concept bien postérieur au IVe siècle.
Cette perception tient en grande partie à la conception du pouvoir monarchique d’Eusèbe de Césarée(4) souvent transmise (…). Elle représente, pour ce qui est de Constantin, une idéalisation du réel a posteriori. Il est fondamental d'avoir conscience que le discours d'Eusèbe n'est en aucun cas une description de Constantin. Pour lui, la relation entre l'empereur et Dieu est une imitation de celle qui existe entre le Père et le Fils au sein de la Trinité(5) (…).
Constantin n'a en rien imposé le christianisme comme religion d’État(6) (…). Dans le régime romain de liberté des cultes tel qu'il est établi à partir de 313, l'empereur assume au grand jour son appartenance à la religion chrétienne. Constantin n’est pas un chrétien comme les autres car il le prince, mais aussi par le fait qu’il n’est pas baptisé.
Dans sa Víta Constantini, Eusèbe de Césarée montre l'empereur au concile de Nicée(7) comme un évêque(8), mais tenant le premier rôle. Il convoque, ordonne, préside, mais attend des évêques la décision la plus unanime possible. Il ordonne avec docilité l'application des décisions du concile par la loi. Il s'agit d'une position entièrement nouvelle pour un empereur romain (…).
Par ailleurs, nous trouvons un autre signe de la superposition entre État et Église qui s'opère chez Constantin dans le fait qu'il relie la prospérité de l'État et l'unité de l'Église. Dans ce souci de la concorde, il se considère lui-même, ses lettres en témoignent, comme l'instrument de Dieu (…).
Le « césaropapisme » est toujours cité entre guillemets, mais sans être jamais référencé. Sa paternité de lieu et de temps est passée sous silence, comme s'il était un concept, un objet existant réellement. Dans son livre sur Constantin, Robert Turcan avance qu'il a « frisé le césaropapisme ». Il entend sans doute par là qu'il faillit y tomber. Autrement dit, qu'il s'en est fallu de peu qu'il soit le créateur de cette notion qui lui est postérieure et qui n'existait pas. Plutôt que d'un très improbable et fallacieux « césaropapisme », il faudrait parler, avec Constantin, d'une dimension nouvelle caractérisant le pouvoir d'un empereur chrétien.
Cette perception tient en grande partie à la conception du pouvoir monarchique d’Eusèbe de Césarée(4) souvent transmise (…). Elle représente, pour ce qui est de Constantin, une idéalisation du réel a posteriori. Il est fondamental d'avoir conscience que le discours d'Eusèbe n'est en aucun cas une description de Constantin. Pour lui, la relation entre l'empereur et Dieu est une imitation de celle qui existe entre le Père et le Fils au sein de la Trinité(5) (…).
Constantin n'a en rien imposé le christianisme comme religion d’État(6) (…). Dans le régime romain de liberté des cultes tel qu'il est établi à partir de 313, l'empereur assume au grand jour son appartenance à la religion chrétienne. Constantin n’est pas un chrétien comme les autres car il le prince, mais aussi par le fait qu’il n’est pas baptisé.
Dans sa Víta Constantini, Eusèbe de Césarée montre l'empereur au concile de Nicée(7) comme un évêque(8), mais tenant le premier rôle. Il convoque, ordonne, préside, mais attend des évêques la décision la plus unanime possible. Il ordonne avec docilité l'application des décisions du concile par la loi. Il s'agit d'une position entièrement nouvelle pour un empereur romain (…).
Par ailleurs, nous trouvons un autre signe de la superposition entre État et Église qui s'opère chez Constantin dans le fait qu'il relie la prospérité de l'État et l'unité de l'Église. Dans ce souci de la concorde, il se considère lui-même, ses lettres en témoignent, comme l'instrument de Dieu (…).
Le « césaropapisme » est toujours cité entre guillemets, mais sans être jamais référencé. Sa paternité de lieu et de temps est passée sous silence, comme s'il était un concept, un objet existant réellement. Dans son livre sur Constantin, Robert Turcan avance qu'il a « frisé le césaropapisme ». Il entend sans doute par là qu'il faillit y tomber. Autrement dit, qu'il s'en est fallu de peu qu'il soit le créateur de cette notion qui lui est postérieure et qui n'existait pas. Plutôt que d'un très improbable et fallacieux « césaropapisme », il faudrait parler, avec Constantin, d'une dimension nouvelle caractérisant le pouvoir d'un empereur chrétien.
d’après B. Lançon, T. Moreau(9), Constantin, un Auguste chrétien, Armand Colin, 2012
- système de gouvernement ou l’empereur veut exercer son pouvoir sur les affaires religieuses empiétant sur le pouvoir spirituel du pape.
- le pape
- projection vers l’arrière
- Eusèbe de Césarée est né vers 265 et mort le 30 mai 339, évêque de Césarée en Palestine. Il échappa aux persécutions de Dioclétien, et fut un proche de l'empereur romain Constantin Ier. Il est l'auteur de nombreuses œuvres historiques.
- la trinité dans le christianisme est le Dieu unique en 3 personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. les trois sont égaux, issus d’une même origine divine mais pourtant distincts.
- religion adoptée officiellement par un Etat.
- le concile de Nicée est le nom donné à la première réunion générale de tous les évêques de l’Empire romain réunit en 325. Le concile avait pour objectif de résoudre les problèmes qui divisaient alors les Églises d'Orient, problèmes disciplinaires et surtout problème religieux mis en évidence par la question de l’arianisme, une doctrine indiquant que le Fils n’était pas de nature divine.
- celui qui a autorité sur un diocèse.
- Bernard lançon et Tiphaine Moreau, professeurs d’Histoire antique à l’université de Limoges.
Document 2 : chronologie
303-311 : dernière grande persécution anti-chrétienne de l’empereur Dioclétien
312 : bataille du Pont Milvius (Constantin aurait eu une apparition d’origine divine)
313 : édit de Milan : liberté de culte pour les chrétiens, fin de la persécution des chrétiens
325 : Convocation du Concile de Nicée par Constantin, réunion de tous les évêques présidée par l’empereur. Rédaction du Crédo, toujours en usage aujourd’hui.
337 : conversion de Constantin au christianisme sur son lit de mort. Ses fils lui succèdent, l’empire est divisée en 3 parties (Occident, Centre, Orient).
380 : édit de Thessalonique : le christianisme devient l’unique religion légale de l’Empire romain. Les cultes dits « païens » sont interdits
312 : bataille du Pont Milvius (Constantin aurait eu une apparition d’origine divine)
313 : édit de Milan : liberté de culte pour les chrétiens, fin de la persécution des chrétiens
325 : Convocation du Concile de Nicée par Constantin, réunion de tous les évêques présidée par l’empereur. Rédaction du Crédo, toujours en usage aujourd’hui.
337 : conversion de Constantin au christianisme sur son lit de mort. Ses fils lui succèdent, l’empire est divisée en 3 parties (Occident, Centre, Orient).
380 : édit de Thessalonique : le christianisme devient l’unique religion légale de l’Empire romain. Les cultes dits « païens » sont interdits