En quoi l’économie sucrière portugaise en Amérique bouleverse les circuits commerciaux et participe à la première mondialisation ?
Compétences travaillées
CONNAISSANCES :
NOTIONS :
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CAPACITES :
-Identifier les contraintes et les ressources d’un événement, d’un contexte historique.
-Utiliser une approche historique ou géographique pour mener une analyse ou construire une argumentation. |
ATTITUDES :
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Objectifs :
- Extraire des informations d’un dossier documentaire
- comprendre comment le Portugal crée-t-il de nouveaux circuits commerciaux avec l’exploitation de ses territoires coloniaux.
- rédiger un paragraphe organisé
CONSIGNE :
A l’occasion des 500 ans de la circumnavigation de Magellan et Elcano, la revue L’Histoire a décidé de réaliser un numéro spécial sur l’élargissement du monde au XVIe siècle. Stagiaires dans la revue, la rédactrice en chef, Valérie Hannin, a décidé de vous laisser votre chance pour écrire un article sur l’impact de l’exploitation de l’or et de l’argent dans les territoires coloniaux espagnols sur les circuits commerciaux dans le monde qui participent à la première mondialisation.
Pour vous aider, elle vous communique un dossier documentaire. Vous devez donc rédiger un article d’une trentaine de lignes. Attention, il y a urgence, la revue est bouclée dans 2 heures, vous devez être efficaces. |
Document 1 :
Alonso Sánchez Coello, Vue du port de Séville, 1576. 150 x 300 cm, musée de l’Amérique, Madrid
Deux fois par an un convoi de galions, chargés d’or et d’argent en provenance d’Amérique, arrive à Séville par le Guadalquivir. C’est l’occasion de fêtes somptueuses dans toute la cité.
Document 2 : Séville au XVIe siècle
Document 3 : Séville, la ville des merveilles.
Prêtre à Séville, fier de sa ville, Morgado consacre un chapitre à la « sublimation de Séville par ses relations avec les Indes ». C'est une chose admirable et que l'on ne voit dans aucun autre port que les charrettes à quatre boeufs qui transportent l'im-mense richesse d'or et d'argent en barres depuis le Guadalquivir(1) jusqu'à la Casa de la Contratacion(2) [...]. C'est merveille que de voir les richesses qui s'accumulent dans beaucoup de rues de Séville, habitées par des marchands de Flandre, de Grèce, de Gênes, de France, d'Italie, d'Angleterre et autres régions septentrionales, ainsi que des Indes portugaises ; et aussi cette autre quantité de richesses que recèle l'Alcaceira(3), consistant en or, argent, perles, cristaux, pierres précieuses, émaux, corail, brocards, étoffes de grand prix et toutes espèces de soieries et de draps des plus fins. [...] Les habitants construisent maintenant leurs maisons avec vue sur l'extérieur; autrefois, tout le soin de la construction se portait sur l'intérieur des maisons, et l'on ne se souciait pas de l'extérieur, comme cela se faisait au temps des Maures. Mais aujourd'hui, on se préoccupe de donner aux maisons plus de splendeur, avec quantité de fenêtres qui donnent sur la rue, et que relève et embellit la présence de nombreuses femmes nobles et distinguées qui s'y font voir.
Prêtre à Séville, fier de sa ville, Morgado consacre un chapitre à la « sublimation de Séville par ses relations avec les Indes ». C'est une chose admirable et que l'on ne voit dans aucun autre port que les charrettes à quatre boeufs qui transportent l'im-mense richesse d'or et d'argent en barres depuis le Guadalquivir(1) jusqu'à la Casa de la Contratacion(2) [...]. C'est merveille que de voir les richesses qui s'accumulent dans beaucoup de rues de Séville, habitées par des marchands de Flandre, de Grèce, de Gênes, de France, d'Italie, d'Angleterre et autres régions septentrionales, ainsi que des Indes portugaises ; et aussi cette autre quantité de richesses que recèle l'Alcaceira(3), consistant en or, argent, perles, cristaux, pierres précieuses, émaux, corail, brocards, étoffes de grand prix et toutes espèces de soieries et de draps des plus fins. [...] Les habitants construisent maintenant leurs maisons avec vue sur l'extérieur; autrefois, tout le soin de la construction se portait sur l'intérieur des maisons, et l'on ne se souciait pas de l'extérieur, comme cela se faisait au temps des Maures. Mais aujourd'hui, on se préoccupe de donner aux maisons plus de splendeur, avec quantité de fenêtres qui donnent sur la rue, et que relève et embellit la présence de nombreuses femmes nobles et distinguées qui s'y font voir.
Alonso Morgado, Histoire de Séville, livre 11, 158
- Fleuve qui coule à Séville.
- Administration qui gère et contrôle tous les échanges avec l'Amérique.
- L'Alcaceira est un quartier commerçant spécialisé dans les soieries.
Document 4 :
Document 5 :
L'or, on le trouve dans les torrents, dans les sables, dans les filons. Il y en a de grosses pépites. La quantité d'or qu'on a retirée de cette province(1) est très grande parce qu'elle est toute pavée d'or [...]. Il n'y a pas d'autre moyen pour prendre un trésor aussi grand que celui qu'il y a à cet endroit, que d'essayer de le peupler avec des Noirs [...]. L'or qu'on en retirera servira pour l'entretien et l'habillement des Noirs et pour le profit du maître [...]. Je dis que les habitants de ces terres ont parlé plusieurs fois avec moi, afin que Votre Majesté conduise dans ces terres des Noirs, considérant que les Indiens sont en train de disparaître.
L'or, on le trouve dans les torrents, dans les sables, dans les filons. Il y en a de grosses pépites. La quantité d'or qu'on a retirée de cette province(1) est très grande parce qu'elle est toute pavée d'or [...]. Il n'y a pas d'autre moyen pour prendre un trésor aussi grand que celui qu'il y a à cet endroit, que d'essayer de le peupler avec des Noirs [...]. L'or qu'on en retirera servira pour l'entretien et l'habillement des Noirs et pour le profit du maître [...]. Je dis que les habitants de ces terres ont parlé plusieurs fois avec moi, afin que Votre Majesté conduise dans ces terres des Noirs, considérant que les Indiens sont en train de disparaître.
Lettre de Francisco de Anuncibay, auditeur à la cour du roi de Quito, à Philippe II (roi d'Espagne), 1592.
1. Popayàn, dans le sud de l'actuelle Colombie.
Document 6 :
La vie dans les mines en Amérique Je suis descendu jusqu'à 150 toises(1). J'ai vu dans cette mine comment travaillent les Indiens, et examiné l'endroit, sa grande profondeur, les dangers, l'épaisse fumée des bougies, l'étroitesse des galeries, la corruption de l'air causée par la sueur, les immondices et les gaz du minerai, la poussière qui s'échappe des roches sous le coup des outils, la difficulté à respirer car l'air ne peut pénétrer en ce lieu, la remontée sans fin jusqu'à l'entrée de la mine avec de lourds sacs de mine-rai par des échelles verticales, l'air glacé que les Indiens recouvrent dehors lorsqu'ils sortent en sueur, l'eau froide qu'ils boivent alors qu'ils ont très chaud, leurs aliments peu nourrissants, le poids d'un travail aussi éprouvant, le danger des chutes, l'absence presque totale de sécurité des ponts et des appuis à l'intérieur de la mine et, enfin, les nombreux milliers d'Indiens morts et enterrés, sans compter tous les autres qui vont mourir, si bien que depuis quelques années l'expérience prouve que tous ceux qui y entrent en ressortent condamnés à mort ; si quelques-uns décèdent aussitôt et d'autres plus tard, il est certain qu'aucun ne tient trois ans. La maladie dont ils souffrent est si cruelle que ces malheureux préféreraient mourir sur le coup plutôt que d'endurer d'aussi grandes douleurs.
La vie dans les mines en Amérique Je suis descendu jusqu'à 150 toises(1). J'ai vu dans cette mine comment travaillent les Indiens, et examiné l'endroit, sa grande profondeur, les dangers, l'épaisse fumée des bougies, l'étroitesse des galeries, la corruption de l'air causée par la sueur, les immondices et les gaz du minerai, la poussière qui s'échappe des roches sous le coup des outils, la difficulté à respirer car l'air ne peut pénétrer en ce lieu, la remontée sans fin jusqu'à l'entrée de la mine avec de lourds sacs de mine-rai par des échelles verticales, l'air glacé que les Indiens recouvrent dehors lorsqu'ils sortent en sueur, l'eau froide qu'ils boivent alors qu'ils ont très chaud, leurs aliments peu nourrissants, le poids d'un travail aussi éprouvant, le danger des chutes, l'absence presque totale de sécurité des ponts et des appuis à l'intérieur de la mine et, enfin, les nombreux milliers d'Indiens morts et enterrés, sans compter tous les autres qui vont mourir, si bien que depuis quelques années l'expérience prouve que tous ceux qui y entrent en ressortent condamnés à mort ; si quelques-uns décèdent aussitôt et d'autres plus tard, il est certain qu'aucun ne tient trois ans. La maladie dont ils souffrent est si cruelle que ces malheureux préféreraient mourir sur le coup plutôt que d'endurer d'aussi grandes douleurs.
F. Miguel Agio, Servidumbres personales de Indios,1601.
1. Environ 300 mètres