En quoi la prise de Constantinople est-elle joue-t-elle un rôle dans le basculement des routes commerciales vers l’Atlantique ?
Compétences travaillées
CONNAISSANCES :
NOTIONS :
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CAPACITES :
-Identifier les contraintes et les ressources d’un événement, d’un contexte historique.
-Utiliser une approche historique ou géographique pour mener une analyse ou construire une argumentation. |
ATTITUDES :
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Objectifs :
- Extraire des informations d’un dossier documentaire
- Comprendre l’importance de la prise de Constantinople dans le basculement des échanges de la Méditerranée vers l’Atlantique
- Comprendre les motivations des navigateurs portugais et espagnols et de leurs commanditaires
CONSIGNE :
►Utiliser une approche historique ou géographique pour mener une analyse ou construire une argumentation.
A partir des documents, rédigez un paragraphe organisé répondant à la question suivante : en quoi la prise de Constantinople a-t-elle joué un rôle dans le basculement des routes commerciales vers l’Atlantique ? |
Document 1 :
« Constantinople, capitale de l'empire d'Orient, fut en l’an 1453, après être demeurée sous la puissance des chrétiens mille cent quatre vingt dix ans [...] prise, saccagée, rangée sous la main des Turcs, ce qui sera à jamais une perte et un dommage irréparable pour toute la Chrétienté. Apres l'avoir prise et décide d'en faire le siège de son empire, le sultan Mehmet II fit refaire les murs et quelques autres places ruinées. Et, à la place du grand nombre de peuples qui y avaient été tués et emmenés prisonniers, it y fit amener de toutes les provinces qu'il avait conquises un certain nombre d'hommes, de femmes et d'enfants avec leurs facultés et richesses, auxquels il permit de vivre selon les institutions et préceptes de la religion qu'il leur plairait d'observer, et exercer en toute sûreté leurs professions et marchandises […]. »
« Constantinople, capitale de l'empire d'Orient, fut en l’an 1453, après être demeurée sous la puissance des chrétiens mille cent quatre vingt dix ans [...] prise, saccagée, rangée sous la main des Turcs, ce qui sera à jamais une perte et un dommage irréparable pour toute la Chrétienté. Apres l'avoir prise et décide d'en faire le siège de son empire, le sultan Mehmet II fit refaire les murs et quelques autres places ruinées. Et, à la place du grand nombre de peuples qui y avaient été tués et emmenés prisonniers, it y fit amener de toutes les provinces qu'il avait conquises un certain nombre d'hommes, de femmes et d'enfants avec leurs facultés et richesses, auxquels il permit de vivre selon les institutions et préceptes de la religion qu'il leur plairait d'observer, et exercer en toute sûreté leurs professions et marchandises […]. »
Nicolas de Nicolak, Dans l'empire de Soliman le Magnifique, 1567.
Document 2 : l’axe de l’ancien monde au XVe siècle.
Document 3 :
Après la prise de Ceuta1 en 1415, l'Infant don Henrique2 eut toujours sur mer des navires armés contre les infidèles3 parce qu'il désirait savoir quelles terres il y avait au-delà des Canaries4 et d'un cap appelé Bojador5 car, jusqu'à cette époque, ni par écrit, ni par la mémoire d'homme, personne ne savait quelle terre il y avait au-delà de ce cap. L'Infant voulut savoir la vérité sur ce point. Il envoya ses propres navires vers ces contrées afin d'acquérir une certitude. Ceci fut la première raison de son entreprise. Et la deuxième fut l'idée que si en ces terres se trouvaient quelques populations de chrétiens, on pourrait en rapporter au royaume beaucoup de marchandises bon marché pour la raison qu'il n'y aurait point d'autres personnes de ce côté-ci qui négocieraient avec eux. La troisième raison fut fondée sur ce qu'on disait que la puissance des Maures3 sur cette terre d'Afrique était beaucoup plus grande qu'on ne le pensait généralement. La quatrième raison fut celle-ci : il désirait savoir si, en ces régions, il y aurait quelques princes chrétiens en lesquels la charité et l'amour du as Christ fussent assez forts pour qu'ils aidassent à combattre contre ces ennemis de la foi. La cinquième fut son grand désir d'augmenter la sainte foi de Notre Seigneur Jésus-Christ et d'amener à elle toutes les âmes désireuses d'être sauvées.
Après la prise de Ceuta1 en 1415, l'Infant don Henrique2 eut toujours sur mer des navires armés contre les infidèles3 parce qu'il désirait savoir quelles terres il y avait au-delà des Canaries4 et d'un cap appelé Bojador5 car, jusqu'à cette époque, ni par écrit, ni par la mémoire d'homme, personne ne savait quelle terre il y avait au-delà de ce cap. L'Infant voulut savoir la vérité sur ce point. Il envoya ses propres navires vers ces contrées afin d'acquérir une certitude. Ceci fut la première raison de son entreprise. Et la deuxième fut l'idée que si en ces terres se trouvaient quelques populations de chrétiens, on pourrait en rapporter au royaume beaucoup de marchandises bon marché pour la raison qu'il n'y aurait point d'autres personnes de ce côté-ci qui négocieraient avec eux. La troisième raison fut fondée sur ce qu'on disait que la puissance des Maures3 sur cette terre d'Afrique était beaucoup plus grande qu'on ne le pensait généralement. La quatrième raison fut celle-ci : il désirait savoir si, en ces régions, il y aurait quelques princes chrétiens en lesquels la charité et l'amour du as Christ fussent assez forts pour qu'ils aidassent à combattre contre ces ennemis de la foi. La cinquième fut son grand désir d'augmenter la sainte foi de Notre Seigneur Jésus-Christ et d'amener à elle toutes les âmes désireuses d'être sauvées.
Gomes Eanes de Zurara, historien portugais du XVIe siècle, Chronique de Guinée, vers 1968.
- Ville du nord de l’Afrique dans l’actuel Maroc.
- Henri dit le navigateur également appelé Infant Dom Henrique, fils du roi Jean Ier du Portugal
- musulmans
- archipel au large de l’Afrique au niveau de l’actuel sud marocain
- cap situé au large du Sahara occidental
Document 4 : Des expéditions organisées pour les rois d'Espagne et la chrétienté
Très Chrétiens et Très Puissants Princes, Roi et Reine des Espagnes(1). J'avais informé Vos Altesses des pays de l'Inde et d'un prince qui est appelé Grand Khan, et vous avais dit comment, maintes fois, lui et ses prédécesseurs avaient fait demander à Rome des docteurs en notre sainte foi(2). Vos Altesses, en chrétiens catholiques, désireux de son accroissement et ennemis de la secte de Mahomet3 et de toutes les idolâtries et hérésies(4), pensèrent m'y envoyer, moi, Christophe Colomb. Ils ordonnèrent que j'allasse vers l'orient non pas par terre, par où l'on a coutume de se diriger, mais en suivant le chemin de l'occident, par lequel, à ce jour, nous ne savons pas de façon certaine que quiconque ait passé(5). Pour cela elles me firent de grandes faveurs et m'anoblirent, afin que dorénavant je m'appelasse Don et fusse Grand Amiral de la mer océane6, et Vice-Roi, et Gouverneur perpétuel de toutes les îles et de la terre ferme que je pourrais découvrir et conquérir.
Très Chrétiens et Très Puissants Princes, Roi et Reine des Espagnes(1). J'avais informé Vos Altesses des pays de l'Inde et d'un prince qui est appelé Grand Khan, et vous avais dit comment, maintes fois, lui et ses prédécesseurs avaient fait demander à Rome des docteurs en notre sainte foi(2). Vos Altesses, en chrétiens catholiques, désireux de son accroissement et ennemis de la secte de Mahomet3 et de toutes les idolâtries et hérésies(4), pensèrent m'y envoyer, moi, Christophe Colomb. Ils ordonnèrent que j'allasse vers l'orient non pas par terre, par où l'on a coutume de se diriger, mais en suivant le chemin de l'occident, par lequel, à ce jour, nous ne savons pas de façon certaine que quiconque ait passé(5). Pour cela elles me firent de grandes faveurs et m'anoblirent, afin que dorénavant je m'appelasse Don et fusse Grand Amiral de la mer océane6, et Vice-Roi, et Gouverneur perpétuel de toutes les îles et de la terre ferme que je pourrais découvrir et conquérir.
D'après une lettre de Christophe Colomb aux rois d'Espagne, 1492.
- Ferdinand II d’Aragon et Isabelle Ière de Castille. Leur mariage en 1469 fait naître la couronne d’Espagne.
- Prêtres chargés d'enseigner la religion chrétienne.
- L'islam.
- doctrine sortant du cadre admis par la religion.
- chemin emprunté par aucun navigateur.
- nom donné à l’océan Atlantique par les Européens jusqu’au XVe siècle.
Document 6 : les caravelles
Caravelles du deuxième voyage de Vasco de Gama en Inde en 1502, livro de Lisuarte de Abreu, 1558-1565, Bibliothèque Pierpont Morgan de New Yor
Évolution marine de la caraque du Moyen Âge, qui servait au cabotage de marchandises principalement le long des côtes méditerranéennes, la caravelle s'en distingue par une taille plus élevée, entre 20 et 30 mètres, un tonnage moindre d'environ 200 tonnes et un tirant d'eau allongé. Les bords élevés permettent d'affronter les lames d'eau de l'océan Atlantique. Ils se révéleront adaptés à la navigation en haute mer au cours des campagnes d'exploration des Portugais et des Espagnols.
Document 7 : les moyens de la navigation.
Les marins méditerranéens naviguaient à l’instinct (…). Ce type de navigation « à l'estime » ne disparut pas complètement chez ceux qui empruntaient les voies océanes et qui n'étaient pas tous instruits dans la science nautique (…).
Document 7 : les moyens de la navigation.
Les marins méditerranéens naviguaient à l’instinct (…). Ce type de navigation « à l'estime » ne disparut pas complètement chez ceux qui empruntaient les voies océanes et qui n'étaient pas tous instruits dans la science nautique (…).
Un compas
Le compas était le guide le plus constant du navigateur et le seul instrument dont l'usage régulier est établi de façon incontestable (…). Jacques Heers souligne la confiance illimitée que Colomb plaçait dans cet instrument alors que, ignorant le phénomène de la déclinaison magnétique, il constata que son aiguille n'indiquait plus la direction de l'étoile polaire, il conclut que c'était l'étoile qui avait bougé.
On oppose généralement à la navigation à l'estime, la navigation astronomique, brillamment imaginée et développée par les Portugais. Naviguer en pleine mer, hors de la vue des côtes, impliquait en effet la recherche de nouveaux points de repère, que l'on ne pouvait trouver que dans la voûte céleste (…). Les Portugais adaptèrent à la navigation trois instruments qui étaient déjà en usage dans les milieux scientifiques du Moyen Age. Ils servaient à « prendre des hauteurs » et pouvaient également être transportés à bord : le bâton de Jacob, l'astrolabe et le quadrant.
Le bâton de Jacob (…) était connu depuis le milieu du XIVe siècle. Il servait à l'origine aux astronomes pour la mesure des angles entre les étoiles. Il permettait de déterminer la hauteur d'un astre au-dessus de l'horizon, le soleil de jour, et l'étoile polaire de nuit (…).
On oppose généralement à la navigation à l'estime, la navigation astronomique, brillamment imaginée et développée par les Portugais. Naviguer en pleine mer, hors de la vue des côtes, impliquait en effet la recherche de nouveaux points de repère, que l'on ne pouvait trouver que dans la voûte céleste (…). Les Portugais adaptèrent à la navigation trois instruments qui étaient déjà en usage dans les milieux scientifiques du Moyen Age. Ils servaient à « prendre des hauteurs » et pouvaient également être transportés à bord : le bâton de Jacob, l'astrolabe et le quadrant.
Le bâton de Jacob (…) était connu depuis le milieu du XIVe siècle. Il servait à l'origine aux astronomes pour la mesure des angles entre les étoiles. Il permettait de déterminer la hauteur d'un astre au-dessus de l'horizon, le soleil de jour, et l'étoile polaire de nuit (…).
Un astrolabe du XVIe siècle
L'astrolabe était à l'origine un instrument pédagogique arabe, qui montrait la situation des étoiles dans le ciel à divers moments de l'année, pour une latitude donnée. II était très répandu en Catalogne, peu avant l'ère des découvertes, où il servait à l'établissement des horoscopes. II fut alors considérablement simplifié pour être transformé en instrument d'observation (…).
Pour l'utilisation à bord, on préféra de plus en plus à l'astrolabe le quadrant ou quartier, ou encore quart de cercle, car il était plus maniable (…)
Pour l'utilisation à bord, on préféra de plus en plus à l'astrolabe le quadrant ou quartier, ou encore quart de cercle, car il était plus maniable (…)
Mireille Pastoureau, Science nautique et grandes découvertes, expositions cartes marines,
BNF, http://expositions.bnf.fr/marine/arret/04-2.htm
BNF, http://expositions.bnf.fr/marine/arret/04-2.htm