CAPACITÉS TRAVAILLÉES
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NOTIONS TRAVAILLÉESRESSOURCE EN CLASSE INVERSÉE |
OBJECTIFS
- Extraire des informations d'un texte
- Rédiger une courte synthèse répondant à la problématique
- Comprendre comment se construit une mémoire d'une France résistante
Pourquoi la mémoire d’une France unanimement combattante domine au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ?
TEMPS 1 : Je teste mes connaissances
Activité
QUESTIONS :
EXPLOITER ET CONFRONTER DES INFORMATIONS :
ORGANISER ET SYNTHETISER DES INFORMATIONS : 6. A partir de vos réponses, répondez à la problématique de la séance : pourquoi la mémoire d'une France unanimement combattante domine au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ? |
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Document 1 : Affiche du Mouvement National des Prisonniers de Guerre et des Déportés (MNPGD), 1945.
Un requis du STO en vêtement de travail, un déporté en habit rayé et un prisonnier de guerre
marqué d'un KG se soutiennent.
marqué d'un KG se soutiennent.
Document 2 : Le général de Gaulle, chef d'une nation de résistants (1944).
Enfin, nous devons nous unir. Assurément, nous autres, Français, sommes divers à tous égards. Nous le sommes par nos idées, nos professions, nos régions. Nous le sommes par notre nature qui nous a fait essentiellement critiques et individualistes. Nous le sommes aussi, hélas ! en conséquence des malheurs que nous venons de traverser et qui nous ont blessés et opposés les uns aux autres.
Mais, à part une poignée de misérables et d'indignes, dont l'État fait et fera justice, l'immense majorité d'entre nous furent et sont des Français de bonne foi. Il est vrai que beaucoup ont pu se tromper à tel moment ou à tel autre, depuis qu'en 1914 commença cette guerre de trente ans. Je me demande même qui n'a jamais commis d'erreur ? Il est vrai que certains ont pu céder à l'illusion ou au découragement quand le désastre et le mensonge avaient submergé notre pays. Il est vrai que même parmi ceux qui s'opposèrent vaillamment à l'ennemi, il y a eu des degrés divers dans le mérite [...]. Mais quoi ? La France est formée de tous les Français. Elle a besoin, sous peine de périr, des cœurs, des esprits, des bras de tous ses fils et de toutes ses filles. Elle a besoin de leur union, non point celle que l'on proclame dans des programmes ou des discours pour la compromettre en même temps par querelles, outrages et surenchères, mais de leur union réelle, sincère, fraternelle.
Mais, à part une poignée de misérables et d'indignes, dont l'État fait et fera justice, l'immense majorité d'entre nous furent et sont des Français de bonne foi. Il est vrai que beaucoup ont pu se tromper à tel moment ou à tel autre, depuis qu'en 1914 commença cette guerre de trente ans. Je me demande même qui n'a jamais commis d'erreur ? Il est vrai que certains ont pu céder à l'illusion ou au découragement quand le désastre et le mensonge avaient submergé notre pays. Il est vrai que même parmi ceux qui s'opposèrent vaillamment à l'ennemi, il y a eu des degrés divers dans le mérite [...]. Mais quoi ? La France est formée de tous les Français. Elle a besoin, sous peine de périr, des cœurs, des esprits, des bras de tous ses fils et de toutes ses filles. Elle a besoin de leur union, non point celle que l'on proclame dans des programmes ou des discours pour la compromettre en même temps par querelles, outrages et surenchères, mais de leur union réelle, sincère, fraternelle.
Charles de Gaulle, discours prononcé à Paris, 14 octobre 1944, Plon, 1970.
Document 3 : L’amnistie en débat.
Entre 1946 et 1953, quatre lois d'amnistie sont votées au Parlement, qui élargissent progressivement le nombre des amnistiés. La dernière loi de 1953 n'est pas votée à l'unanimité, le groupe communiste étant hostile à l'amnistie. Néanmoins, le premier article de cette loi, voté à part, recueille l'unanimité des voix.
La République française rend hommage à la Résistance, dont le combat au-dedans et au-dehors des frontières a sauvé la nation. C'est dans la fidélité à l'esprit de la Résistance qu'elle entend que soit aujourd'hui dispensée la clémence. L'amnistie n'est pas une réhabilitation ni une revanche, pas plus qu'elle n'est une critique contre ceux qui, au nom de la nation, eurent la lourde tâche de juger et de punir.
La République française rend hommage à la Résistance, dont le combat au-dedans et au-dehors des frontières a sauvé la nation. C'est dans la fidélité à l'esprit de la Résistance qu'elle entend que soit aujourd'hui dispensée la clémence. L'amnistie n'est pas une réhabilitation ni une revanche, pas plus qu'elle n'est une critique contre ceux qui, au nom de la nation, eurent la lourde tâche de juger et de punir.
Article 1 de la loi d'amnistie générale votée le 24 juillet 1953
Document 4 : Le regard de l'historien.
Gaullistes et communistes se sont retrouvés pour exagérer l'ampleur du fait résistant au sein de la population, les uns en identifiant la Résistance à une certaine idée de la France tout entière, incarnée par le général à lui tout seul, les autres en décrivant la Résistance comme un vaste mouvement populaire d'insurrection nationale. Ils se sont retrouvés également pour marginaliser le rôle de Vichy, « poignée de traîtres » pour les uns, expression d'une frange de la « bourgeoisie » pour les autres. [...]
[Le mythe résistancialiste] a laissé sur la touche d'autres mémoires tout aussi marquées par l'Occupation : les prisonniers de guerre, plus d'un million d'hommes qui n'ont pas connu l'Occupation, sont restés souvent attachés au Pétain de la Grande Guerre [...]; les travailleurs du STO, mémoire honteuse par suite de la glorification outrée du réfractaire (1), assimilé souvent au maquisard ; les déportés raciaux, juifs en tête, ombre insupportable au tableau idyllique, dont le réveil tardif dans les années 1970 a précisément contribué à modifier la représentation des années de guerre ; et peut-être aussi une bonne partie des résistants eux-mêmes, dépossédés de leur histoire, et dont beaucoup ont été en porte à faux du fait de leurs réserves à l'égard du gaullisme et du communisme.
[Le mythe résistancialiste] a laissé sur la touche d'autres mémoires tout aussi marquées par l'Occupation : les prisonniers de guerre, plus d'un million d'hommes qui n'ont pas connu l'Occupation, sont restés souvent attachés au Pétain de la Grande Guerre [...]; les travailleurs du STO, mémoire honteuse par suite de la glorification outrée du réfractaire (1), assimilé souvent au maquisard ; les déportés raciaux, juifs en tête, ombre insupportable au tableau idyllique, dont le réveil tardif dans les années 1970 a précisément contribué à modifier la représentation des années de guerre ; et peut-être aussi une bonne partie des résistants eux-mêmes, dépossédés de leur histoire, et dont beaucoup ont été en porte à faux du fait de leurs réserves à l'égard du gaullisme et du communisme.
H. Rousso, Le Syndrome de Vichy de 1944 à nos jours, éditions du Seuil, 1987
1. Personne ayant refusé de travailler pour l'Allemagne au titre du STO